L’utilisation de certains médicaments provoque parfois une réaction allergique au niveau de la peau : c’est la toxidermie. Elle peut prendre toutes les formes possibles donc elle est assez difficile à diagnostiquer. Pour vous aider à mieux comprendre le sujet, découvrez dans cet article l’essentiel à savoir sur la toxidermie.
Qu’est-ce que la toxidermie ?
Définition
La toxidermie est une réaction d’hypersensibilité cutanée résultant d’un effet indésirable lié au médicament.
Explications
Il existe de nombreuses formes d’éruption cutanée liée à une toxidermie. Fort heureusement, 90 % sont bénignes et 2 % sont de formes légères.
Les éruptions cutanées sont imprévisibles.
Comment diagnostiquer une toxidermie ?
Les personnes concernées
La toxidermie touche 1 à 3 % des patients.
L’imputabilité du médicament responsable de la toxidermie est établie à partir des deux critères suivants :
- L’imputabilité intrinsèque : qui est typique. Il repose plus particulièrement sur le critère chronologique. L’éruption apparaît au 9e jour de la prise, mais en cas de réintroduction du médicament, le délai peut être raccourci.
- L’imputabilité extrinsèque : se base sur les données issues de la littérature.
Les symptômes et les signes des toxidermies
a-La forme érythémateuse
Lorsque l’éruption prend l’une de ces formes, elle se manifeste par une fièvre modérée ou absente. Le patient a des démangeaisons. Une lésion aigüe apparaît rapidement. Elle est rouge en points ou en placard.
La lésion peut être localisée partout et peut même atteindre la paume des mains et à la plante des pieds. Les muqueuses (bouche, génitales…) ne sont pas atteintes par cette forme.
b-La forme érythème pigmenté fixe
Elle prend la forme d’une lésion rouge puis brune en nombreuses plaques nettes. Cette lésion apparaît toujours au même endroit du corps.
c-Forme allergique
Cette forme de toxidermie a des aspects cliniques très variables qui sont :
- l’urticaire : qui se manifeste par des papules rouges ou rosées, accompagnées de démangeaison ;
- l’œdème de visage (dit de Quincke) ;
- l’eczéma : qui est caractérisé de plaques rouges, d’une sécheresse cutanée et une démangeaison ;
- la photosensibilité : qui correspond à une sensibilité de la peau aux rayonnements de soleil.
d-Forme hypersensibilité médicamenteuse ou Drug Reaction rash Eosinophila and Systematic Symptoms (DRESS)
Le DRESS syndrome est une forme plus grave, qui se manifeste par une fièvre, voire une altération de l’état général (perte de poids, d’appétit, fatigue). Il se manifeste également par une démangeaison sévère, accompagné d’une éruption cutanée muqueuse qui apparaît 2 à 6 semaines après la prise médicamenteuse. Les symptôme peuvent être accompagnées de douleurs articulaires.
Cliniquement, on remarque une prise de température élevée, une rougeur corporelle généralisée, un œdème du visage.
Une palpation au niveau des ganglions lymphatiques réveille une augmentation de la taille des ganglions. L’inflammation des lèvres et l’inflammation de la muqueuse de la bouche sont courant. Le médecin remarque également une conjonctivite chez le patient. Cette dernière correspond à une irritation ou une inflammation de la conjonctive de l’œil.
e-La forme pustulose exanthématique aigüe généralisée (PEAG)
C’est une forme grave de toxidermie, qui se manifeste par de la fièvre et une altération de l’état général (perte de poids, d’appétit, fatigue). Une éruption explose après la prise de médicament (éruption de survenue rapide, en 1 à 4 jours). Les signes cliniques sont les pustules (une petite vésicule purulente sur la peau) et la rougeur généralisée avec décollement de peau. Ces lésions sont renforcées essentiellement sur les grands plis (cuisses, seins, aisselles, fesses…).
f-La forme bulleuse Stevens Johnson (forme grave)
La bulleuse Stevens Johnson est l’une des formes graves de la toxidermie. Elle a des aspects cliniques particuliers. On peut citer la macule, les papules, la bulle et le purpura en plaque ou pseudo cocarde. Les lésions sont localisées plus particulièrement au niveau du tronc et du visage. Toutefois, elles peuvent être cutanéo-muqueuses.
g-La forme bulleuse Lyell (forme grave)
Pour cette autre forme grave de toxidermie, une impression de grippe 2 à 3 jours après la prise médicamenteuse est un indice. Elle est parfois accompagné par une fièvre entre 39 à 40 °C. Le patient se plaint également des lésions douloureuses. Une inspection attentive dévoile la présence des érosions aux muqueuses, une rougeur sombre parfois couleur sang est observée en nappe. On remarque aussi un décollement cutané important (une impression de linge mouillé) qui met la peau à nu. Une sensation de chaleur est ressentie au contact de la peau et un simple frottement de la peau provoque son décollement.
Une toxidermie compliquée
Il faut se méfier de la toxidermie lorsqu’elle provoque un œdème de visage qui étouffe ou un choc anaphylactique qui plonge la personne dans le coma.
Les examens
Les examens sont essentiels en cas de complication ou de forme grave de la toxidermie. Ils visent à confirmer les diagnostics étiologiques.
Examens utiles pour confirmer le syndrome de DRESS
Le DRESS syndrome peut s’accompagner de défaillance d’organe.
Un examen sanguin qui permet de dépister la présence de la polynucléose éosinophile est utile. Cette dernière correspond à une augmentation anormale du nombre des neutrophiles (un type de globule blanc) dans le sang. Cela prouve la présence d’une lésion.
D’autres examens biologiques permettent de vérifier s’il y a une atteinte du foie. Ce sont le dosage des transaminases (ASAT-ALAT), le dosage du gamma-glutamyl transférase (GGT) et le dosage des phosphates alcalines (PAL).
Le dosage de la créatininémie et la protéinurie des 24 h sont des examens indispensables au dépistage de la maladie rénale.
Une échographie cardiaque peut montrer la présence de la myocardite (inflammation du myocarde).
Une radiographie du thorax permet de clarifier le diagnostic de la pneumopathie d’hypersensibilité.
Examen pour dépister la PEAG
En cas d’une PEAG, l’analyse des polynucléaires est essentielle. Une présence d’une polynucléose neutrophile peut témoigner la présence de cette forme.
Examen pour confirmer le diagnostic de la forme bulleuse Stevens Johnson ou Lyell
Face à une suspicion de syndrome de Stevens Johnson ou Lyell, il faut réaliser une séries d’examens. Le diagnostic des bulles repose sur des examens biologiques que ce soit direct ou en culture. Les résultats d’examen par l’immunofluorescence indirecte et directe sont négatifs.
Le bilan de la biopsie cutanée montre une bulle intra et sous-épidermique dont le toit est constitué de l’épiderme nécrosé. La présence d’un œdème dermique est également dévoilée.
Les examens ophtalmologiques visent à dépister la kératite, la conjonctive et l’entropion.
La recherche d’une atteinte broncho-pulmonaire est indispensable. Le diagnostic repose sur les examens pratiqués en pneumologie, dont l’endoscope bronchique souple.
Les résultats des examens cutanés des patients atteints par les bulleuses Stevens Johnson ou Lyell dévoilent les cicatrices sur la peau, la rétraction, les troubles de pigmentations et même une alopécie (perte de cheveux).
Les bilans des examens biologiques peuvent montrer une déshydratation et une diminution d’hémoglobine.
Les traitements du syndrome de la toxidermie
Étape 1 : prendre en charge
La prise en charge du patient atteint par la toxidermie dépend de la gravité de la maladie. Il peut être pris en charge en ville ou à l’hôpital par :
- les professionnels de santé de ville qui peuvent orienter et conseiller le patient ;
- un médecin généraliste peut mener les diagnostics ;
- un dermatologue si le patient a une toxidermie compliquée avoir un avis spécialisé.
Étape 2 : soulager les symptômes
Les crèmes hydratantes figurent en première ligne de traitement des symptômes de la toxidermie.
Étape 3 : les traitements curatifs
Si la toxidermie n’est pas grave, rien n’est vraiment nécessaire.
Des soins de peau spécialisés sont le meilleur traitement curatif d’une toxidermie grave. Il est important de :
- nettoyer la peau avec un sérum physiologique ;
- utiliser des antiseptiques locaux (chlorhexidine) ;
- enlever les brides de la peau ;
- utiliser un antifongique pour le bain de bouche (Fungizone).
Les antibiotiques adaptés aux résultats des prélèvements sont parfois indispensables.
Prévention
Lors d’une toxidermie compliquée, le médicament en cause doit être contre-indiqué formellement pour le patient atteint. Ce dernier doit arrêter immédiatement de l’utiliser.
Si la toxidermie est bénigne, une diminution des doses est à discuter.
Parfois une désensibilisation s’avère possible, il faut se renseigner.
Surveiller
La toxidermie est souvent bénigne. En général, les lésions disparaissent en moins d’une semaine. Toutefois, une toxidermie en forme grave peut provoquer des séquelles cicatricielle sur la peau.
Enfin, en cas d’atteinte grave, une déclaration à la pharmacovigilance est obligatoire.
Toxidermie : les réactions cutanées dangereuses à ne pas sous-estimer – découvrez comment les identifier et les gérer !
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