Hyperprolactinémie

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Hyperprolactinémie

Imaginez une molécule, petite mais puissante, orchestrant une danse délicate dans votre corps, jouant un rôle crucial dans des fonctions aussi diverses que la lactation, la reproduction, le comportement, la régulation du système immunitaire, et bien plus encore. Cette molécule s’appelle la prolactine. Mais que se passe-t-il lorsque les niveaux de prolactine dans le corps ne sont pas tout à fait comme ils devraient être ? L’hyperprolactinémie, une affection caractérisée par des niveaux anormalement élevés de prolactine dans le sang, peut déclencher une série de changements dans le corps et causer une variété de symptômes, parfois déroutants. De l’infertilité et des changements dans le cycle menstruel chez les femmes à l’impuissance et à une diminution de la libido chez les hommes, cette maladie peut affecter de nombreuses facettes de la vie quotidienne d’un individu. Pourtant, son diagnostic est souvent retardé ou ignoré en raison de sa présentation clinique complexe.

Plongeons ensemble dans le monde fascinant de l’hyperprolactinémie, découvrons comment cette affection peut perturber l’harmonie de notre corps et explorons les options de traitement disponibles pour restaurer l’équilibre. Car, après tout, la connaissance est la première étape vers le contrôle et le bien-être.

Qu’est-ce que ?

Définition

L’hyperprolactinémie se définit comme une concentration sérique de prolactine supérieure à la normale. Chez les femmes non enceintes et non allaitantes, la prolactine sérique est généralement inférieure à 25 ng/mL, et chez les hommes, elle est généralement inférieure à 20 ng/mL. Par conséquent, des niveaux de prolactine supérieurs à ces seuils pourraient être considérés comme une hyperprolactinémie.

La prolactine est une hormone produite par l’hypophyse, une petite glande située à la base du cerveau. Bien qu’elle soit surtout connue pour son rôle dans la stimulation de la production de lait après l’accouchement, la prolactine affecte également de nombreux autres aspects de la santé chez les hommes et les femmes, y compris le métabolisme, l’immunité et les fonctions psychologiques.

Une hyperprolactinémie peut provoquer divers symptômes, dont une production de lait inappropriée (galactorrhée), une absence de règles (aménorrhée) chez les femmes, une diminution de la libido, une impuissance chez les hommes et des troubles de la fertilité chez les deux sexes. La cause de l’hyperprolactinémie peut varier, allant de certaines maladies et affections à l’utilisation de certains médicaments.

Explications

L’hyperprolactinémie peut être déclenchée par plusieurs causes. Comprendre ces facteurs contributifs peut aider à cibler et à traiter efficacement cette affection. Voici une liste des principales causes :

  • Facteurs physiologiques : grossesse, allaitement, et parfois même une intense activité physique peuvent entraîner une élévation naturelle du taux de prolactine.
  • Syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) : cette affection courante peut également augmenter le taux de prolactine, affectant la régulation hormonale chez les femmes.
  • Adénome de l’hypophyse : c’est l’une des causes les plus courantes d’hyperprolactinémie pathologique. Ces tumeurs bénignes de l’hypophyse produisent des quantités excessives de prolactine.
  • Hypothyroïdie : l’insuffisance de production d’hormones thyroïdiennes peut entraîner une augmentation de la prolactine.
  • Insuffisance rénale ou hépatique chronique : ces affections peuvent affecter l’élimination de la prolactine, ce qui conduit à une augmentation de sa concentration dans le sang.
  • Médicaments : certains médicaments peuvent interférer avec la régulation de la prolactine. Cela inclut certains neuroleptiques (comme la phénothiazine et l’halopéridol), antidépresseurs (tricycliques et IMAO), métoclopramide, dompéridone, œstrogènes, opioïdes, vérapamil et méthyldopa.

Il est essentiel de comprendre que chaque patient est unique, et la cause sous-jacente de l’hyperprolactinémie peut varier considérablement d’une personne à l’autre. L’établissement du bon diagnostic est donc une étape essentielle pour le traitement approprié de cette affection.

Diagnostic

Les personnes concernées

L’hyperprolactinémie est une affection relativement courante. Cependant, il est difficile d’établir une incidence précise car de nombreuses personnes atteintes restent asymptomatiques et donc non diagnostiquées. De plus, l’incidence peut varier en fonction des critères de diagnostic utilisés.

Toutefois, certaines études suggèrent qu’environ 0,4% de la population générale pourrait avoir une hyperprolactinémie, bien que ce taux puisse être plus élevé (jusqu’à 1-1,5%) chez les populations de patients spécifiques, comme ceux qui consultent pour des troubles de la fertilité ou des problèmes menstruels. Il est également important de noter que l’hyperprolactinémie semble être plus fréquente chez les femmes que chez les hommes.

Il faut cependant faire preuve de prudence lors de l’interprétation de ces chiffres, car ils peuvent varier en fonction de la population étudiée et des critères de diagnostic utilisés. Dans tous les cas, l’hyperprolactinémie est une affection significative qui peut avoir un impact majeur sur la qualité de vie, et qui mérite une attention et une prise en charge appropriées.

Les symptômes

L’hyperprolactinémie peut se manifester par une variété de symptômes qui varient selon le sexe du patient. Chez les femmes, ces symptômes peuvent inclure :

  • Galactorrhée : il s’agit d’une production et d’une sécrétion anormales de lait, qui peut survenir en dehors de la grossesse ou de l’allaitement. Elle est généralement bilatérale et peut être observée à partir de plusieurs pores du mamelon.
  • Troubles du cycle menstruel : les femmes peuvent également remarquer des irrégularités dans leur cycle menstruel. Cela peut se manifester par des cycles irréguliers, une aménorrhée (absence de menstruation) ou une oligoménorrhée (menstruations peu fréquentes).
  • Troubles de la libido : l’hyperprolactinémie peut entraîner une baisse de la libido, affectant ainsi la vie sexuelle.
  • Dyspareunie : certaines femmes peuvent ressentir des douleurs lors des rapports sexuels, une affection connue sous le nom de dyspareunie.
  • Infertilité : dans certains cas, l’hyperprolactinémie peut également entraîner des problèmes de fertilité.

Chez les hommes, l’hyperprolactinémie peut entraîner des symptômes tels que la gynécomastie (augmentation du volume des seins), une diminution de la libido, des troubles de l’érection et l’infertilité.

Il est important de noter que tous les patients ne présenteront pas tous ces symptômes. Certains peuvent même être asymptomatiques, surtout si l’hyperprolactinémie est légère. De plus, de nombreux symptômes de l’hyperprolactinémie peuvent également être causés par d’autres affections médicales, rendant parfois le diagnostic difficile.

Les complications

L’hyperprolactinémie peut parfois être associée à l’acromégalie, une maladie caractérisée par une production excessive de l’hormone de croissance. Dans ces cas, le patient peut présenter des signes d’acromégalie tels que :

  • Augmentation de la taille des mains et des pieds : les patients peuvent remarquer que leurs chaussures ou leurs bagues ne leur vont plus.
  • Changements du visage : les traits du visage peuvent devenir plus épais ou plus larges, y compris le nez, les lèvres, les pommettes et la mâchoire. Le front peut également devenir plus proéminent et les dents peuvent s’écarter.
  • Autres signes physiques : il peut y avoir une augmentation de la taille des organes internes, conduisant à divers symptômes. Par exemple, l’agrandissement du cœur peut entraîner une hypertension artérielle et d’autres problèmes cardiaques.

Il est important de noter que ces symptômes ne sont pas spécifiques à l’hyperprolactinémie et peuvent être le signe d’autres troubles hormonaux. Si un patient présente ces symptômes, il est recommandé de consulter un médecin pour un examen plus approfondi.

Ne pas confondre

Le diagnostic peut être compliqué à faire. Si c’était le cas, consultez Learnycare+. Tapez par exemple : « poussée de seins chez l’homme », et laissez vous guider.

Les examens

L’hyperprolactinémie est généralement confirmée par des tests sanguins qui mesurent les niveaux de prolactine. Les niveaux peuvent varier en fonction de la cause de l’hyperprolactinémie.

  • Prolactinémie (ng/ml): cette mesure indique le niveau de prolactine dans le sang. Une prolactinémie supérieure 20 ng/ml fait le diagnostic. On peut ensuite faire des suppositions. Une prolactinémie entre 20 et 100 ng/ml peut indiquer un petit adénome, ou tumeur, de la glande hypophysaire. Des niveaux entre 100 et 200 ng/ml peuvent indiquer un petit prolactinome (un adénome qui sécrète de la prolactine) ou un prolactinome de déconnexion (une tumeur qui perturbe la régulation normale de la prolactine). Des niveaux supérieurs à 200 ng/ml peuvent indiquer un macroadénome (une tumeur plus grande) ou une cause médicamenteuse de l’hyperprolactinémie.
  • Test dynamique de TRH + métoclopramide: ce test mesure la réponse de la prolactine à la stimulation par la thyrotropin-releasing hormone (TRH) et le primpéran (métoclopramide). Si la prolactine ne répond pas à la stimulation, cela peut indiquer un microadénome. Si la prolactine répond en augmentant, cela peut indiquer un macroadénome.

Il est important de noter que ces tests ne sont pas définitifs et que d’autres tests peuvent être nécessaires pour confirmer le diagnostic et déterminer la cause de l’hyperprolactinémie.

Autres tests

Dans le cadre du diagnostic de l’hyperprolactinémie, divers tests biologiques et d’imagerie peuvent être effectués pour aider à identifier la cause et à déterminer le meilleur traitement.

  • Biologie :
    • Beta HCG : ce test est généralement réalisé pour vérifier une grossesse, l’une des causes d’augmentation naturelle du taux de prolactine.
    • TSH, T4 : ces tests de fonction thyroïdienne peuvent aider à identifier une hypothyroïdie, qui peut également causer une hyperprolactinémie.
    • Androgènes : les niveaux d’androgènes, les hormones sexuelles mâles, peuvent être mesurés pour vérifier les troubles endocriniens tels que le syndrome des ovaires polykystiques.
    • Créatininémie : un dosage de la créatinine peut aider à évaluer la fonction rénale, car l’insuffisance rénale peut être liée à l’hyperprolactinémie.
    • Bilan hépatique : une évaluation de la fonction hépatique peut également être réalisée, car les troubles hépatiques peuvent augmenter les niveaux de prolactine.
  • Échographie pelvienne : selon le contexte, une échographie pelvienne peut être réalisée pour examiner les organes reproducteurs féminins et rechercher des kystes ovariens ou une grossesse.
  • IRM hypophysaire : si les tests biologiques ne permettent pas d’identifier la cause de l’hyperprolactinémie, une imagerie par résonance magnétique (IRM) de l’hypophyse peut être réalisée. Cette imagerie peut aider à identifier la présence d’un adénome (une petite tumeur) dans l’hypophyse. Un microadénome est une tumeur de moins de 1 cm, tandis qu’un macroadénome mesure plus de 1 cm. Ces adénomes peuvent parfois provoquer une production excessive de prolactine.

Il est essentiel de noter que chaque patient est unique, et le protocole de diagnostic sera ajusté en fonction des symptômes spécifiques, de l’anamnèse médicale et des résultats des tests initiaux.

Le traitement

Étape 1 : prendre en charge

La prise en charge de l’hyperprolactinémie est généralement une affaire multidisciplinaire, impliquant différents professionnels de santé en fonction des besoins spécifiques du patient.

  • Professionnels de santé de ville : ces professionnels sont souvent le premier point de contact pour les patients qui présentent des symptômes. Ils orientent et conseillent les patients sur les démarches à suivre pour obtenir un diagnostic et un traitement appropriés.
  • Médecin généraliste : le médecin généraliste est souvent le premier à poser le diagnostic d’hyperprolactinémie. C’est généralement le généraliste qui organise les premiers tests et qui peut référer le patient à un spécialiste pour un suivi plus approfondi.
  • Endocrinologue : l’endocrinologue est un médecin spécialisé dans le diagnostic et le traitement des troubles hormonaux, dont l’hyperprolactinémie. Un endocrinologue peut aider à gérer l’hyperprolactinémie grâce à des médicaments, à un suivi régulier et à des conseils sur la gestion de la maladie.
  • Neurochirurgien : si l’hyperprolactinémie est causée par un adénome hypophysaire et que celui-ci doit être retiré, un neurochirurgien peut être consulté. Les neurochirurgiens sont spécialisés dans les opérations du système nerveux, y compris le cerveau et l’hypophyse.

Dans tous les cas, la prise en charge de l’hyperprolactinémie est personnalisée pour répondre aux besoins spécifiques du patient et est souvent gérée par une équipe de soins de santé pour assurer une approche globale et coordonnée.

Étape 2 : traiter la cause

Dans le traitement de l’hyperprolactinémie, l’approche la plus efficace consiste généralement à traiter la cause sous-jacente. Cette cause peut varier largement d’un individu à l’autre.

Il est important de souligner que ces traitements doivent être discutés et planifiés avec un spécialiste, généralement un endocrinologue, pour assurer une prise en charge optimale. Des explications supplémentaires sont disponibles dans Learnycare+, si cela vous intéresse.

Surveillance

L’hyperprolactinémie, surtout lorsqu’elle est chronique, nécessite une surveillance attentive pour évaluer l’efficacité du traitement et détecter rapidement d’éventuelles complications. L’évolution de la maladie et les effets du traitement sont généralement surveillés à l’aide de mesures régulières de la prolactine (PRL) dans le sang. Les symptômes tels que la galactorrhée (production de lait en dehors de la grossesse ou de l’allaitement) et les irrégularités menstruelles sont également surveillés.

En cas d’adénome hypophysaire, une surveillance par IRM est nécessaire pour suivre l’évolution de la taille de l’adénome. Des tests de champ visuel peuvent être effectués pour détecter toute atteinte des nerfs optiques par l’adénome, et les céphalées (maux de tête) doivent également être surveillées.

Un point d’attention particulier dans la gestion de l’hyperprolactinémie à long terme est le risque accru d’ostéoporose. Les niveaux élevés de prolactine peuvent perturber l’équilibre hormonal normal du corps et conduire à une diminution de la densité osseuse. Les patients atteints d’hyperprolactinémie chronique peuvent donc avoir besoin d’une surveillance de la santé des os, y compris des tests de densité osseuse, et éventuellement d’un traitement pour prévenir ou gérer l’ostéoporose.

Il est important de noter que le suivi et le traitement de l’hyperprolactinémie doivent être individualisés, en fonction des caractéristiques spécifiques de chaque patient et de sa réponse au traitement.

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