De l’air que nous respirons à l’eau que nous buvons, notre corps compte sur une myriade de nutriments pour fonctionner de manière optimale. Parmi eux se trouve l’iode, un minéral que vous ne connaissez peut-être pas bien, mais dont le rôle est vital pour votre santé. Ce nutriment essentiel est le carburant de notre glande thyroïde, contribuant à réguler un ensemble de processus allant du métabolisme à la régulation de la température corporelle. Cependant, alors que l’iode est présent naturellement dans notre environnement, de nombreuses personnes dans le monde, y compris dans les pays développés, ne consomment pas suffisamment de cet élément essentiel, ce qui peut avoir des conséquences graves sur la santé. En dépit de l’importance de l’iode, sa carence est souvent sous-estimée et méconnue. Plongez avec nous dans le monde fascinant de l’iode et découvrez pourquoi ce minéral mérite une place de choix dans votre alimentation quotidienne, car sinon vous risquez une hypothyroïdie par carence en iode.
Qu’est-ce que ?
Définition
La carence en iode se réfère à un apport insuffisant en iode, un oligo-élément essentiel que le corps humain ne peut pas produire par lui-même, mais qui est nécessaire pour le bon fonctionnement de la glande thyroïde. Il doit être obtenu à travers l’alimentation ou la supplémentation.
Explications
La glande thyroïde utilise l’iode pour produire les hormones thyroïdiennes thyroxine (T4) et triiodothyronine (T3). Ces hormones jouent un rôle crucial dans divers processus corporels, y compris le métabolisme, la croissance et le développement, et la régulation de la température corporelle.
Lorsque l’apport en iode est insuffisant, la production d’hormones thyroïdiennes peut être compromise. Pour compenser, la glande thyroïde peut s’agrandir dans une tentative d’absorber plus d’iode, ce qui peut conduire à la formation d’un goitre.
Chez les femmes enceintes, une carence en iode peut affecter le développement du fœtus, en particulier le développement du système nerveux et du cerveau. Chez les enfants, une carence en iode peut entraîner des problèmes de croissance et de développement, y compris des retards de développement et des problèmes d’apprentissage.
Dans les cas graves, une carence en iode peut conduire à une affection appelée hypothyroïdie, caractérisée par un ralentissement général du métabolisme. Les symptômes de l’hypothyroïdie peuvent comprendre de la fatigue, une sensibilité au froid, une constipation, une peau sèche, un gain de poids inexplicable, et la dépression, entre autres.
Diagnostic
Les personnes concernées
La carence en iode est un problème de santé publique important qui affecte des populations dans le monde entier. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, environ deux milliards de personnes, soit près d’un tiers de la population mondiale, souffrent d’une carence en iode. Elle affecte toutes les populations, quel que soit leur âge ou leur sexe, mais est particulièrement préjudiciable pour les femmes enceintes et les jeunes enfants.
Facteurs de risque
La carence en iode peut être due à divers facteurs, notamment :
- Origine géographique : les régions montagneuses et les régions éloignées de la mer sont souvent pauvres en iode, car le sol de ces régions est généralement déficient en iode. Cela peut affecter la teneur en iode des aliments cultivés dans ces régions.
- Alimentation : une alimentation pauvre en iode est le principal facteur de risque de carence en iode. Les aliments riches en iode comprennent les fruits de mer, les produits laitiers, et les œufs. Certaines céréales et légumes peuvent également être riches en iode si le sol dans lequel ils sont cultivés contient de l’iode.
- Consommation d’aliments contenant des goitrogènes : certains aliments contiennent des substances appelées goitrogènes qui peuvent interférer avec l’absorption de l’iode par la glande thyroïde. Ces aliments comprennent certains types de légumes comme le chou, le brocoli et le chou frisé.
Les symptômes
Les symptômes de la carence en iode peuvent varier considérablement d’une personne à l’autre, en fonction du degré de l’hypothyroïdie et de la rapidité de sa progression. Voici une liste plus détaillée des symptômes, classés par système :
Symptômes généraux :
- Diminution de la capacité à transpirer, entraînant souvent une sécheresse de la peau.
- Frilosité : sensation accrue de froid due à la diminution du métabolisme.
- Prise de poids modeste : en raison de la diminution du métabolisme, qui ralentit le processus de combustion des calories.
- Fatigue intense et durable qui n’est pas soulagée par le repos.
Symptômes digestifs :
- Constipation : la diminution du métabolisme peut ralentir le transit intestinal, ce qui peut entraîner une constipation.
Symptômes rhumatologiques :
- Douleurs musculaires diffuses.
- Contraction involontaire et douloureuse des muscles.
- Raideur des articulations.
- Syndrome du canal carpien : compression du nerf médian au niveau du poignet, entraînant des douleurs, des engourdissements et des faiblesses dans la main.
Symptômes ORL et buccaux :
- Diminution de l’acuité auditive due à une infiltration de la trompe d’Eustache.
- Difficulté à articuler les mots.
- Voix rauque : en raison de l’enflure et de l’épaississement des cordes vocales.
- Macroglossie : augmentation anormale de la taille de la langue.
- Syndrome d’apnée du sommeil : interruptions répétées de la respiration pendant le sommeil.
Symptômes gynécologiques :
- Absence de règles pendant plus de trois cycles menstruels consécutifs. Cela peut être dû à une hyperprolactinémie (niveaux élevés de prolactine dans le sang) résultant d’un rétrocontrôle négatif sur la TRH (Thyrotropin Releasing Hormone), une hormone qui régule la production d’hormones thyroïdiennes.
Ces symptômes peuvent avoir un impact significatif sur la qualité de vie, d’où l’importance d’un diagnostic et d’un traitement précoces.
Les signes
Les signes cliniques de la carence en iode peuvent varier en fonction de la gravité de l’hypothyroïdie. Voici une description plus détaillée des signes cliniques observables dans différents domaines médicaux :
Psychiatrie :
- Syndrome maniaco-dépressif : des fluctuations d’humeur extrêmes, oscillant entre des épisodes de manie (excitation, euphorie) et de dépression (tristesse, apathie) peuvent être observées.
- Syndrome démentiel : troubles cognitifs et comportementaux, qui peuvent ressembler à une démence.
Cardiologie :
- Pouls faible : palpable lors de l’examen physique.
- Bruits du cœur faibles : perceptibles lors de l’auscultation.
- Bradycardie : ralentissement du rythme cardiaque.
- Trouble du rythme : des irrégularités du rythme cardiaque peuvent être présentes.
Dermatologie :
- Inspection : le visage peut apparaître pâle et bouffi, avec un faciès lunaire, des paupières gonflées, des lèvres épaisses avec une rougeur bleuâtre des lèvres et des pommettes, un œdème comblant les creux sus claviculaires et axillaires, des doigts boudinés, et une hypertrophie musculaire.
Neurologie :
- Syndrome myogène : se manifeste par une faiblesse musculaire, des crampes et des douleurs musculaires.
ORL :
- Palpation : une atrophie homogène de la glande thyroïde peut être détectée, ainsi que la présence de nodules.
Il convient de noter que la présence de ces signes cliniques, bien qu’indicative, ne suffit pas à elle seule à établir un diagnostic de carence en iode. Un examen plus approfondi, y compris des tests de laboratoire pour mesurer les niveaux d’hormones thyroïdiennes, est généralement nécessaire pour confirmer le diagnostic.
Les complications
Voici quelques autres symptômes et complications potentielles liés à cette affection :
Apnées du sommeil : les ronflements, les pauses respiratoires nocturnes et l’hypertension peuvent être des signes d’apnée du sommeil, un trouble dans lequel la respiration s’arrête et repart de manière répétée pendant le sommeil.
Syndrome du canal carpien : des fourmillements dans les mains peuvent être le signe du syndrome du canal carpien, une affection caractérisée par une pression excessive sur le nerf médian, le principal nerf de la main, qui traverse le canal carpien.
Péricardite par infiltration : cette inflammation de la couche externe du cœur peut provoquer des douleurs thoraciques et des frottements audibles lors de l’auscultation cardiaque.
Troubles de la conduction : les troubles du rythme cardiaque peuvent être le signe de troubles de la conduction, comme un bloc auriculo-ventriculaire (BAV), un bloc de branche droit (BBD) ou un bloc de branche gauche (BBG).
Coma myxœdémateux : ce trouble potentiellement mortel est une complication rare mais grave de l’hypothyroïdie non traitée. Il se caractérise par une altération de la conscience, une baisse de la température corporelle et une diminution de la fréquence respiratoire. Il peut être déclenché par une infection, une exposition au froid ou un médicament sédatif.
Grossesse : la carence en iode pendant la grossesse est un sujet de préoccupation majeur en raison de ses impacts potentiellement dévastateurs sur le développement fœtal. L’iode est essentiel pour la production d’hormones thyroïdiennes, qui jouent un rôle crucial dans le développement du cerveau et du système nerveux du fœtus.
Une carence sévère en iode pendant la grossesse peut entraîner un trouble appelé crétinisme, qui est caractérisé par un retard mental sévère, des troubles de la parole, des problèmes de coordination et d’équilibre, et des troubles de la croissance chez l’enfant.
Même une carence modérée ou légère en iode pendant la grossesse peut avoir des conséquences négatives, notamment un quotient intellectuel (QI) plus faible chez les enfants et une capacité d’apprentissage réduite.
En outre, une carence en iode pendant la grossesse peut augmenter le risque de fausse couche, de mortinaissance et de prématurité. Il peut également conduire à une hypothyroïdie post-partum chez la mère.
Il est crucial de reconnaître et de traiter la carence en iode pour éviter ces complications potentiellement graves. Si vous présentez des symptômes d’hypothyroïdie, consultez un professionnel de la santé pour une évaluation complète.
Les examens
Les tests de laboratoire jouent un rôle crucial dans le diagnostic de la carence en iode. Les principaux tests sont :
TSH (Thyroïdite Stimulante Hormone): la TSH est une hormone produite par l’hypophyse qui stimule la glande thyroïde à produire les hormones T3 et T4. Les niveaux normaux de TSH chez l’adulte se situent entre 0,4 et 4 mUI/L. Des niveaux supérieurs à 4 mUI/L à deux reprises espacées d’un mois peuvent indiquer une fonction thyroïdienne insuffisante, ou une hypothyroïdie. Une TSH très élevée (>10 mUI/L) est souvent un signe d’hypothyroïdie sévère.
T3 (Triiodothyronine) et T4 (Thyroxine): ces hormones thyroïdiennes sont directement produites par la glande thyroïde. Dans la carence en iode, les niveaux de T3 peuvent être bas, tandis que les niveaux de T4 peuvent être encore plus bas. Un dosage bas de ces hormones indique une hypothyroïdie. Un dosage normal de T3 et T4, avec une TSH élevée, peut indiquer une hypothyroïdie dite fruste, qui est une forme légère d’hypothyroïdie où la glande thyroïde est encore capable de produire suffisamment d’hormones pour maintenir des niveaux normaux dans le sang, mais seulement en produisant des niveaux plus élevés de TSH.
Le dosage de l’iode urinaire est la méthode la plus couramment utilisée pour évaluer le statut iodique d’une population. Il s’agit d’un test non invasif qui reflète l’apport alimentaire en iode, car la majeure partie de l’iode consommé est excrétée dans les urines.
Cependant, le dosage de l’iode urinaire peut ne pas être aussi utile pour évaluer le statut iodique d’un individu spécifique, car l’excrétion d’iode peut varier d’un jour à l’autre en fonction de l’apport alimentaire. En outre, il peut ne pas refléter avec précision le statut de la fonction thyroïdienne, surtout en cas de maladie thyroïdienne existante.
Pour les individus, l’évaluation de la fonction thyroïdienne par des tests sanguins (comme la TSH, T3, et T4 mentionnés précédemment) peut être plus utile pour déterminer si une carence en iode est en train de causer une hypothyroïdie.
Dans certains cas, si une carence en iode est soupçonnée, un médecin peut recommander d’autres tests, comme un test de captation d’iode radioactif, qui évalue la capacité de la glande thyroïde à absorber l’iode.
Il est important de noter que l’évaluation et le traitement de la carence en iode doivent être supervisés par un professionnel de santé qualifié.
Autres bilans sanguins
D’autres tests de laboratoire peuvent être réalisés pour évaluer les complications potentielles de la carence en iode. Voici ce que signifient certaines valeurs anormales :
Numération de la formule sanguine : une baisse de l’hémoglobine et une augmentation du volume globulaire moyen (VGM) peuvent indiquer une anémie, qui peut être associée à l’hypothyroïdie.
Créatinine : normalement, la créatinine sérique se situe entre 5 et 8 mg/l. Un niveau élevé peut indiquer un problème rénal, qui peut être une conséquence de l’hypothyroïdie sévère.
CPK (Créatine Phosphokinase) : des niveaux normaux se situent entre 10 et 200 UI/L. Des taux élevés peuvent indiquer un syndrome myogène, qui est un ensemble de symptômes indiquant une atteinte musculaire, une complication possible de l’hypothyroïdie.
LDH (Lactate déshydrogénase) : des niveaux élevés peuvent également indiquer une atteinte des muscles.
Sodium (Na) : normalement, les taux de sodium sérique se situent entre 135 et 145 mmol/l. Des taux bas peuvent indiquer une hyponatrémie, qui peut résulter d’un retard d’élimination de l’eau associé à l’hypothyroïdie.
Hyperprolactinémie : des niveaux élevés de prolactine peuvent résulter d’un rétrocontrôle négatif sur la TRH (Thyrotropin Releasing Hormone) en cas d’hypothyroïdie, ce qui peut affecter les cycles menstruels chez les femmes.
Hypercholestérolémie : l’hypothyroïdie peut augmenter les niveaux de cholestérol, ce qui peut augmenter le risque de maladie cardiaque.
Ces tests peuvent aider à déterminer l’étendue de l’impact de l’hypothyroïdie sur divers systèmes de l’organisme et à orienter le plan de traitement.
Échographie thyroïdienne
L’échographie thyroïdienne est une procédure non invasive qui utilise des ondes sonores pour créer une image de la glande thyroïde. Elle est souvent utilisée pour détecter des anomalies structurelles dans la thyroïde, telles que des nodules ou un goitre, qui peuvent survenir en raison de la carence en iode.
Dans le cas de la carence en iode, l’échographie peut montrer une thyroïde agrandie, qui est la caractéristique principale du goitre. La texture de la thyroïde peut également changer, devenant plus hétérogène à cause de la croissance et de la rétraction des cellules thyroïdiennes en réponse à la carence en iode.
Cependant, l’échographie thyroïdienne ne peut pas directement mesurer la fonction thyroïdienne ou le statut iodique. Elle est généralement utilisée en complément d’autres tests, comme les analyses de sang pour la TSH, T3, et T4, ou le dosage de l’iode urinaire.
Il est important de noter que tous les changements à la thyroïde ne sont pas nécessairement liés à une carence en iode. D’autres affections, telles que la thyroïdite, les nodules thyroïdiens, et certains types de cancer de la thyroïde, peuvent également provoquer des changements dans l’apparence de la glande thyroïde à l’échographie. Par conséquent, toute anomalie détectée à l’échographie thyroïdienne doit être évaluée par un professionnel de santé qualifié pour déterminer la cause sous-jacente.
Le traitement
Étape 1 : prendre en charge
Médecin généraliste : en premier lieu, il est recommandé de consulter son médecin généraliste si on présente des symptômes évoquant une carence en iode. Le médecin généraliste est capable de réaliser une première évaluation et de prescrire les examens initiaux nécessaires.
Endocrinologue : si les résultats des examens suggèrent la présence d’une carence en iode, le patient sera généralement dirigé vers un endocrinologue. L’endocrinologue est un spécialiste des glandes endocrines et des hormones, y compris la glande thyroïde et ses troubles. Il sera capable d’établir un diagnostic précis, de prescrire un traitement et d’assurer le suivi à long terme de la maladie.
C’est très important de consulter un professionnel de santé si on suspecte un problème de thyroïde. La carence en iode est une maladie chronique qui peut avoir des répercussions significatives sur la qualité de vie si elle n’est pas correctement traitée. Avec un diagnostic et un traitement appropriés, la plupart des personnes atteintes de carence en iode peuvent mener une vie normale et saine.
Étape 2 : soigner
La carence en iode est une maladie chronique qui entraîne une hypothyroïdie, c’est-à-dire une production insuffisante d’hormones thyroïdiennes. L’objectif du traitement est de compenser cette insuffisance en fournissant à l’organisme les hormones thyroïdiennes qu’il ne produit pas en quantité suffisante.
Il est important de consulter régulièrement un professionnel de santé pendant le traitement par lévothyroxine pour surveiller les niveaux d’hormones thyroïdiennes et ajuster la dose de médicament si nécessaire. Le but du traitement est de normaliser les niveaux de TSH et de T4 libre, ce qui indique que la glande thyroïde fonctionne correctement.
Prévention
La prévention de la carence en iode se fait principalement par l’assurance d’un apport suffisant en iode.
Il est important de noter que l’apport excessif en iode peut également causer des problèmes de santé, donc toute supplémentation en iode devrait être réalisée sous la supervision d’un professionnel de la santé. En outre, certaines personnes peuvent avoir besoin de limiter leur apport en iode en raison de conditions de santé spécifiques, il est donc toujours préférable de consulter un professionnel de la santé avant de modifier son régime alimentaire ou de prendre des suppléments.
Fatigue, peau sèche… Et si c’était une hypothyroïdie due à une carence en iode ? Découvrez les signes pour agir avant que ça ne s’aggrave.
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