Un enfant qui fait des erreur constante de langage après 5 ans (grande section de maternelle) doit alerter. Est-ce grave ? Comment y remédier ? On fait le point sur le retard de langage.

Qu’est-ce que le retard de langage chez l’enfant ?

Définition

Quand on aperçoit des erreurs constantes de langage chez l’enfant après l’âge de 4 à 5 ans, on peut en juger qu’il présente un retard dans ce domaine.

Le phénomène se traduit par une difficulté d’apprendre de nouveaux mots, et par leur déformation. La formulation des phrases complètes n’est pas satisfaisante, par rapport au niveau attendu pour l’âge.

Dans cet article nous ne traiterons que des retards n’ayant pas de causes médicales.

Explications

Pour mieux comprendre le retard de langage, il serait plus approprié de connaître toutes les étapes du développement du langage chez l’enfant.

• Dès la naissance, le nouveau-né montre un intérêt privilégié pour la voix humaine et il peut différencier des sons. Déjà, dès les premières semaines, il est capable de varier ses cris en fonction de son état, entre autres quand il a faim, ressent une douleur ou veut appeler…
• Vers 4 mois, il vocalise et babille avec des sons diversifiés progressivement pour aboutir, vers 6 mois, au babillage (ma ma ma) et (pa pa pa).
• Entre 6 mois et 1 an, des prémices de mots apparaissent, mais elles sont aidées par des éléments de communication non-verbal. Le bébé communique à cet effet, par le regard, suivi d’un sourire. Il arrive aussi à pointer du doigt.
• Entre 12 et 18 mois, on parle de phase linguistique pour désigner l’apparition des premiers mots. D’abord, les mots sont formés d’une seule syllabe et associés à certains objets ou à des situations. Ils se multiplient à une vitesse extrêmement variable, mais cela dépend d’un enfant à l’autre.
• Entre 18 et 24 mois, l’enfant utilise des mots-phrases dont la signification varie suivant le contexte et l’intonation. Par exemple, le mot balle pourra ainsi signifier « donne la balle » ou « c’est ma balle ». C’est en général le stade auquel l’enfant apprend plusieurs mots chaque jour. On parle de période d’explosion lexicale.
• Entre 2 et 3 ans apparaissent les premières ébauches de phrases. Comprenant deux mots au début, après elles deviennent progressivement plus complexes. L’enfant utilise juste le mot « moi » pour parler de lui.
• Vers 3 ans arrivent les phrases à trois éléments (sujet, verbe, complément). C’est également à cet âge qu’apparaît le « je », qui marque une étape importante dans l’affirmation de l’identité propre de l’enfant.
• Après 3 ans, le langage s’étoffe et se complexifie pour ressembler progressivement au langage adulte. L’enfant articule tous les sons.
• À l’âge de 4 à 5 ans, on s’attend à ce que l’enfant prononce parfaitement les mots. Cependant, le « r » est la dernière lettre à être acquise.
• Vers 6 ans, l’enfant est en général prêt pour apprendre à lire et à écrire.

Un retard de développement de langage survient chez l’enfant pour différentes raisons dont parfois l’immaturité affective. Cette dernière est une manifestation de la dépendance affective, de l’égocentrisme et du faible sens du relationnel.

Comment peut-on diagnostiquer un retard de langage ?

Les enfants concernés

Cette pathologie peut arriver à tout enfant et est découverte à partir de l’âge de 2 ans. Elle persiste jusqu’à l’âge adulte s’il n’y a pas de traitement adéquat.

Quels sont les symptômes du retard de langage ?

Les troubles du langage constants peuvent déjà être découverts par les parents ou lors d’un examen de routine, chez le pédiatre.

Quels sont les signes cliniques remarqués à travers cette maladie ?

On doit observer minutieusement les erreurs qui apparaissent dès l’âge de 2-3 ans :

• L’enfant confond les consonnes : au lieu de prononcer la lettre « j », il utilise le « ch » et au lieu de dire « z », il prononce la lettre « s ».
• L’enfant articule les consonnes de manière occlusive (en fermant ses dents). C’est-à-dire qu’au lieu de prononcer la lettre « d », il mentionne le « t » ou « k » à la place de « g ».
• L’enfant inverse les consonnes, notamment « f » à la place de « p », « z » au lieu de prononcer le « d ».
• L’enfant inverse les sons (« a » au lieu de « an », « é » au lieu de « in », « a » au lieu de dire « oua »).
• L’enfant raccourcit les mots, par exemple quand il veut dire « pour », il enlève le « r » à la fin et dit « pou ».
• Il déforme les mots en inversant la place des syllabes.

Ces erreurs doivent normalement être corrigées vers lâge de 4-5 ans.

Le retard de langage peut aussi se manifester par le retard d’apparition de la première phrase, suivi d’un « parler bébé » prolongé. Ce retard se remarque surtout au niveau de l’expression : vocabulaire pauvre, mots oubliés, mots de liaison qui ne sont pas correctement utilisés (dans, parce que, car, et…) ; syntaxe inachevée ; l’absence des pronoms personnels ; les verbes non conjugués, mais laissés à l’infinitif ; l’emploi d’un style de phrase télégraphique. Par exemple, « papa voitu » pour dire « papa est parti en voiture ».

Le jargon utilisé par l’enfant est compris uniquement par ses proches. Il faut remarquer que l’erreur que présente l’enfant est inconstante.

En outre, on peut aussi voir des signes d’immaturité affective comme la succion du pouce, d’une tétine de biberon et une alimentation toujours mixée.

Comment traiter le retard du langage ?

Étape 1 : prendre en charge

Le rôle du médecin généraliste se limite au dépistage de la maladie, mais après, il renvoie le cas vers un orthophoniste.

Un orthophoniste est alors plus qualifié pour traiter la maladie par le biais de la rééducation.

Étape 2 : comment se déroule le traitement des troubles de langage ?

Les traitements de première ligne du retard de langage sont effectués par l’orthophoniste via plusieurs séances de rééducation. La fréquence et la durée de la thérapie se font en fonction de l’importance du trouble à corriger. Pour ce faire, il intervient après l’âge de 4 à 5 ans en appliquant une approche neuropsychologique. Son intervention vise ainsi à stimuler la fonction déficiente, à contrôler et à éliminer le trouble.

Les parents jouent aussi un rôle primordial dans le traitement de la maladie. Ils peuvent soutenir l’apprentissage de l’enfant par des activités ludiques comme la lecture d’histoires par exemple.

Étape 3 : traiter la racine du trouble

En présence des signes évocateurs comme les troubles fonctionnels liés à l’immaturité affective, plusieurs actions doivent être effectuées.

Pour cela, il va falloir corriger la présence des troubles relationnels et affectifs, à travers un accompagnement psychologique (de l’enfant et de ses parents).

Il faut encourager l’enfant à abandonner la succion de la tétine ou du pouce et à se libérer du biberon pour passer à la tasse.

Durant toutes ces étapes, l’accompagnement parental reste indispensable.

Surveillance

En présence de traitements bien adaptés, on constate une évolution favorable, mais lente. Dans le cas contraire, il faut évoquer la présence de la dysphasie. Cette affection désigne un trouble neurologique qui affecte les capacités langagières.

Pour pouvoir dépister le retard de langage et intervenir au plus tôt, il convient de réaliser un dépistage au cabinet du médecin généraliste ou à l’école grâce au service de protection maternel et infantile (PMI).