Thrombopénie induite par l’héparine

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Thrombopénie induite par l’héparine

La thrombopénie induite par l’héparine (TIH) est un paradoxe potentiellement dangereux. L’héparine, un anticoagulant couramment utilisé en milieu hospitalier, est administrée pour prévenir et traiter les caillots sanguins. Pourtant, dans certains cas, elle peut provoquer l’effet exactement inverse – une augmentation du risque de thrombose.

La TIH est une complication rare mais sérieuse du traitement à l’héparine, survenant chez environ 1 à 5% des patients exposés à ce médicament. Elle est généralement observée 5 à 14 jours après le début du traitement, bien que cela puisse varier. Le mécanisme derrière la TIH est complexe et met en lumière les interactions fascinantes entre le système immunitaire et le système de coagulation.

Comprendre la TIH est crucial car elle peut entraîner de graves complications thrombotiques, comme les thromboses veineuses profondes, les embolies pulmonaires et les accidents vasculaires cérébraux. De plus, son diagnostic et sa gestion présentent des défis uniques, nécessitant une cessation immédiate de l’héparine et l’initiation d’autres formes d’anticoagulation.

Dans les paragraphes suivants, nous explorerons plus en détail les causes, le diagnostic, le traitement et la prévention de la thrombose induite par l’héparine.

Qu’est-ce que ?

Définition

La thrombopénie induite par l’héparine (TIH) est en effet une complication immuno-allergique qui peut survenir chez les patients traités avec l’héparine. C’est une situation clinique paradoxale où un médicament destiné à prévenir la coagulation du sang induit en réalité une activation excessive de la coagulation.

Cette activation conduit à une diminution du nombre de plaquettes dans le sang, ainsi qu’à une augmentation du risque de formation de caillots sanguins (thromboses) dans les veines et les artères. Ces caillots peuvent potentiellement bloquer la circulation sanguine, ce qui peut avoir des conséquences graves, voire mortelles, comme un accident vasculaire cérébral, une crise cardiaque ou une embolie pulmonaire.

La TIH est généralement classée en deux types : la TIH de type I, qui est une forme bénigne, non-immunologique, provoquant une légère baisse du taux de plaquettes dans les premiers jours de l’administration de l’héparine ; et la TIH de type II, qui est une forme plus grave, immunologique, qui provoque une baisse marquée du taux de plaquettes et une augmentation du risque de thrombose. La TIH de type II survient généralement environ 5 à 14 jours après le début du traitement à l’héparine.

Explications

La thrombopénie induite par l’héparine (TIH) est une complication de l’héparinothérapie qui peut avoir des conséquences potentiellement graves.

Il en existe deux types :

  • La TIH de type I : c’est la forme la plus commune et elle est généralement bénigne. Elle se produit généralement dans les premiers jours de traitement par héparine. La TIH de type I est due à l’effet pro-agrégant direct de l’héparine sur les plaquettes. La numération plaquettaire chute habituellement d’environ 30% mais reste généralement supérieure à 100 000/mm³. Cette chute est transitoire et se normalise même avec la continuation du traitement par l’héparine. Cette forme n’est pas associée à un risque accru de thrombose.
  • La TIH de type II : c’est une forme plus rare mais beaucoup plus grave de la maladie. Elle est due à une réaction immunitaire qui implique la formation d’anticorps de type IgG dirigés contre un complexe formé par l’héparine et le facteur 4 plaquettaire (PF4). Ces anticorps activent les plaquettes, provoquant une coagulation accrue et une thrombopénie. Cette activation plaquettaire peut conduire à la formation de thromboses.

Les facteurs de risque de la TIH incluent :

  • Une exposition antérieure à l’héparine, en particulier si celle-ci est récente.
  • Le type d’héparine utilisé (l’héparine non fractionnée a un risque plus élevé que l’héparine de bas poids moléculaire).
  • L’âge avancé.
  • Le sexe féminin.
  • Certaines affections médicales sous-jacentes, telles que les maladies cardiovasculaires et certaines interventions chirurgicales.

Il est important de noter que toute personne recevant un traitement par héparine peut potentiellement développer une TIH, donc une surveillance régulière de la numération plaquettaire est généralement recommandée.

Diagnostic

Les personnes concernées

Le Type 1 (TIH de type 1), aussi appelé thrombopénie induite par l’héparine non-immune, est plus fréquent. Il se produit chez environ 10 à 30% des patients recevant de l’héparine. Ce type se produit généralement dans les deux premiers jours de traitement. C’est une chute transitoire du taux de plaquettes qui n’augmente pas le risque de complications thrombotiques.

Le Type 2 (TIH de type 2), aussi appelé thrombopénie induite par l’héparine immune, est beaucoup moins fréquent mais beaucoup plus sérieux. Il se produit chez environ 1 à 5% des patients traités par l’héparine non fractionnée (HNF) et moins de 1% des patients traités par l’héparine de bas poids moléculaire (HBPM). Cette forme de TIH peut conduire à des complications thrombotiques sévères.

Ces pourcentages peuvent varier en fonction de nombreux facteurs, notamment le type de patient (par exemple, les patients chirurgicaux par rapport aux patients médicaux), la dose d’héparine et la durée du traitement.

Les symptômes

Les deux types de thrombopénie induite par l’héparine (TIH) se produisent à des moments différents après l’initiation de la thérapie à l’héparine.

  • Le Type 1, ou non-immune, survient généralement dans les deux premiers jours de traitement avec de l’héparine. Il s’agit d’une chute transitoire du nombre de plaquettes qui revient généralement à la normale même si l’héparine est continuée.
  • Le Type 2, ou immune, est une réponse auto-immune qui se produit généralement 5 à 14 jours après l’initiation de la thérapie à l’héparine. Toutefois, si un patient a été précédemment exposé à l’héparine, la réaction peut survenir beaucoup plus rapidement, parfois en quelques heures. Ce type de TIH est plus dangereux car il peut entraîner une thrombose, une affection où des caillots sanguins se forment de manière inappropriée dans le corps.

Les complications

La complication majeure de la thrombopénie induite par l’héparine (TIH) est la thrombose, où les caillots sanguins se forment de manière inappropriée dans le corps. Selon l’emplacement de ces caillots, différents problèmes peuvent survenir:

  • Thrombose veineuse profonde (TVP): un caillot de sang dans une veine profonde, généralement dans la jambe, c’est la phlébite. Cela peut entraîner des douleurs et un gonflement dans la jambe touchée.
  • Embolie pulmonaire (EP): un caillot de sang qui se déplace vers les poumons, ce qui peut causer des douleurs thoraciques et des difficultés respiratoires.
  • Accident vasculaire cérébral (AVC): un caillot de sang dans le cerveau peut entraîner un AVC, qui peut causer des symptômes tels que des difficultés à parler, des troubles de la vision, et une faiblesse ou un engourdissement du visage, du bras, ou de la jambe.
  • Thrombose artérielle: un caillot de sang dans une artère peut interrompre le flux sanguin vers des organes vitaux, comme le cœur ou le cerveau.

L’anémie, ou faible taux de globules rouges, peut également se produire dans certains cas, en particulier lorsque la TIH est associée à des saignements.

Ne pas confondre

Le diagnostic peut être compliqué à faire. Si c’était le cas, consultez Learnycare+.

Les examens

voici les principales investigations biologiques pour le diagnostic de la Thrombopénie Induite par l’Héparine (TIH) :

  • Numération Formule Sanguine (NFS) : Cette analyse est utilisée pour mesurer les niveaux de différentes cellules sanguines. Dans le cas de la TIH, on s’attend à une chute du nombre de plaquettes à moins de 100 000/mm3 ou une diminution de plus de 50% par rapport à la valeur de référence.
  • Test fonctionnel d’agrégation plaquettaire : Il s’agit d’un test spécialisé qui mesure la capacité des plaquettes à s’agréger, ou à se coller ensemble, en présence d’héparine. Dans la TIH, ce test est généralement positif.
  • Test ELISA avec anticorps anti-F4P (Facteur 4 plaquettaire) : il s’agit d’un test immuno-enzymatique qui peut détecter la présence d’anticorps contre le Facteur 4 plaquettaire. Ces anticorps sont généralement présents chez les patients atteints de TIH.

Il est important de noter que le diagnostic de la TIH doit être confirmé par ces tests de laboratoire spécifiques, car de nombreuses autres affections peuvent également provoquer une thrombopénie. En outre, l’héparine doit être arrêtée dès que la TIH est suspectée pour éviter d’éventuelles complications thrombotiques.

Quels sont les signes évocateurs de complications?

La thrombopénie induite par l’héparine (TIH) de type II est une affection grave pouvant entraîner des complications sévères, notamment une défaillance multi-viscérale et une coagulation intravasculaire disséminée (CIVD).

La défaillance multi-viscérale, comme son nom l’indique, est une défaillance simultanée de plusieurs organes vitaux, qui peut nécessiter une assistance médicale intensive pour soutenir les fonctions corporelles. Cela peut être dû à l’obstruction des petits vaisseaux sanguins par des caillots sanguins, ce qui peut provoquer une diminution du flux sanguin vers les organes vitaux et leur dysfonctionnement.

La CIVD est une autre complication majeure. C’est une affection dangereuse dans laquelle le sang commence à coaguler dans tout le corps, entraînant à la fois une coagulation excessive et un saignement inadéquat, car les facteurs de coagulation et les plaquettes sont consommés de manière disproportionnée. La CIVD peut entraîner une hémorragie et une thrombose, qui sont toutes deux des urgences médicales.

En cas de suspicion de TIH, il est donc crucial de retirer immédiatement l’héparine et de commencer un autre traitement anticoagulant pour éviter ces complications potentiellement mortelles.

Le traitement

Étape 1 : prendre en charge

La prise en charge de la thrombopénie induite par l’héparine (TIH) est un processus multidisciplinaire qui nécessite une coopération étroite entre différents professionnels de santé.

  • Les professionnels de santé de ville : ils peuvent jouer un rôle important dans l’orientation et le conseil des patients. Ils sont souvent le premier point de contact pour les patients et sont bien placés pour reconnaître les premiers signes et symptômes de la TIH.
  • Médecin généraliste : ils sont responsables du diagnostic initial. En cas de TIH de type 1, ils peuvent gérer le patient en consultation externe. Si un type 2 est suspecté, ils doivent orienter rapidement le patient vers un service d’urgence hospitalier.
  • Les urgences/réanimation : en cas de TIH de type 2, qui est une urgence médicale, le patient doit être pris en charge dans un service d’urgences ou de réanimation. Les médecins de ces services sont qualifiés pour gérer les complications graves associées à cette affection, comme la défaillance d’organes multiples et la coagulation intravasculaire disséminée.

Il est également crucial d’informer tous les soignants de la présence d’une TIH pour éviter la réadministration d’héparine à l’avenir, car cela pourrait provoquer une réaction encore plus grave.

Étape 2 : soigner

En cas de thrombopénie induite par l’héparine de type 1, aucun traitement n’est nécessaire.

En revanche, l’approche thérapeutique standard pour une thrombopénie induite par l’héparine (TIH) de type II implique de suivre les étapes suivantes :

  • arrêter l’héparine
  • Initier une autre forme d’anticoagulation.
  • Surveillers.
  • Envisager la transition vers un anticoagulant oral

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