Thyroïdite atrophique

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Thyroïdite atrophique

Lorsque l’on évoque les maladies de la thyroïde, l’hyperthyroïdie et l’hypothyroïdie sont souvent les premières à nous venir à l’esprit. La thyroïdite atrophique fait partie des causes d’hypothyroïdie. Cette affection, caractérisée par une diminution progressive et irréversible de la taille de la thyroïde, demeure souvent méconnue jusqu’à ce qu’elle se révèle par ses symptômes parfois déroutants. Avant d’en arriver là, que diriez-vous de plonger dans les méandres de cette affection pour en appréhender les origines, les symptômes, les impacts sur la santé et les options de traitement? Découvrons ensemble cette maladie discrète mais non moins perturbante, pour éclairer son mystère et peut-être aider à reconnaître ses signes avant-coureurs.

Qu’est-ce que ?

Définition

La thyroïdite atrophique est une forme d’hypothyroïdie auto-immune caractérisée par l’atrophie, c’est-à-dire la réduction de taille, de la glande thyroïde. C’est une maladie progressive et généralement irréversible qui conduit à une production insuffisante d’hormones thyroïdiennes, essentielles au métabolisme de l’organisme.

Explications

La thyroïdite atrophique est principalement causée par une réaction immunitaire anormale. Le système immunitaire du corps, normalement chargé de protéger l’organisme contre les maladies et les infections, s’attaque par erreur à la glande thyroïde. Cette attaque conduit à une inflammation et à une destruction graduelle des cellules thyroïdiennes, aboutissant finalement à une atrophie de la glande.

Les mécanismes précis de cette auto-agression restent encore mal compris, mais on pense que des facteurs génétiques, environnementaux et peut-être hormonaux jouent un rôle. Par exemple, la présence d’autres maladies auto-immunes augmente le risque de développer une thyroïdite atrophique.

À mesure que la thyroïde s’atrophie, sa capacité à produire des hormones thyroïdiennes diminue, ce qui conduit à une hypothyroïdie. Les hormones thyroïdiennes jouent un rôle clé dans de nombreux processus corporels, dont le métabolisme énergétique et la régulation de la température corporelle. Lorsque ces hormones font défaut, une multitude de symptômes peuvent apparaître, allant de la fatigue et de la prise de poids à la dépression et à l’intolérance au froid.

Diagnostic

Les personnes concernées

La thyroïdite atrophique affecte principalement les femmes, avec une atteinte particulièrement élevée chez les femmes âgées de 40 à 60 ans. Cette maladie est une cause courante d’hypothyroïdie, et bien que les statistiques exactes varient en fonction de la population étudiée, elle est généralement considérée comme une affection assez courante.

Parmi les principaux facteurs de risque de la thyroïdite atrophique, on trouve :

  • Antécédents de maladies auto-immunes : les personnes atteintes d’autres maladies auto-immunes, comme le diabète de type 1, la polyarthrite rhumatoïde ou la maladie cœliaque, sont plus susceptibles de développer une thyroïdite atrophique. Les maladies auto-immunes ont tendance à se regrouper, donc la présence d’une maladie auto-immune augmente le risque d’en développer une autre.
  • Sexe et âge : les femmes sont beaucoup plus susceptibles de développer la thyroïdite atrophique que les hommes, et le risque augmente avec l’âge. La raison pour laquelle les femmes sont plus touchées reste inconnue, mais elle pourrait être liée à des facteurs hormonaux ou génétiques.
  • Facteurs génétiques : des facteurs génétiques semblent également jouer un rôle dans la thyroïdite atrophique. Les personnes ayant des antécédents familiaux de thyroïdite ou d’autres maladies auto-immunes sont plus susceptibles de développer cette maladie.
  • Facteurs environnementaux : certains facteurs environnementaux, tels que le stress ou une infection virale, peuvent déclencher une réponse auto-immune et contribuer au développement de la thyroïdite atrophique.

Il est important de noter que, bien que ces facteurs augmentent le risque, ils ne garantissent pas que la personne développera la maladie. De nombreuses personnes avec ces facteurs de risque ne développent jamais de thyroïdite atrophique, tandis que d’autres sans facteurs de risque apparents peuvent en être atteintes.

Les symptômes

Les symptômes de la thyroïdite atrophique peuvent varier considérablement d’une personne à l’autre, en fonction du degré de l’hypothyroïdie et de la rapidité de sa progression. Voici une liste plus détaillée des symptômes, classés par système :

Symptômes généraux :

  • Diminution de la capacité à transpirer, entraînant souvent une sécheresse de la peau.
  • Frilosité : sensation accrue de froid due à la diminution du métabolisme.
  • Prise de poids modeste : en raison de la diminution du métabolisme, qui ralentit le processus de combustion des calories.
  • Fatigue intense et durable qui n’est pas soulagée par le repos.

Symptômes digestifs :

  • Constipation : la diminution du métabolisme peut ralentir le transit intestinal, ce qui peut entraîner une constipation.

Symptômes rhumatologiques :

  • Douleurs musculaires diffuses.
  • Contraction involontaire et douloureuse des muscles.
  • Raideur des articulations.
  • Syndrome du canal carpien : compression du nerf médian au niveau du poignet, entraînant des douleurs, des engourdissements et des faiblesses dans la main.

Symptômes ORL et buccaux :

  • Diminution de l’acuité auditive due à une infiltration de la trompe d’Eustache.
  • Difficulté à articuler les mots.
  • Voix rauque : en raison de l’enflure et de l’épaississement des cordes vocales.
  • Macroglossie : augmentation anormale de la taille de la langue.
  • Syndrome d’apnée du sommeil : interruptions répétées de la respiration pendant le sommeil.

Symptômes gynécologiques :

  • Absence de règles pendant plus de trois cycles menstruels consécutifs. Cela peut être dû à une hyperprolactinémie (niveaux élevés de prolactine dans le sang) résultant d’un rétrocontrôle négatif sur la TRH (Thyrotropin Releasing Hormone), une hormone qui régule la production d’hormones thyroïdiennes.

Ces symptômes peuvent avoir un impact significatif sur la qualité de vie, d’où l’importance d’un diagnostic et d’un traitement précoces.

Les signes

Les signes cliniques de la thyroïdite atrophique peuvent varier en fonction de la gravité de l’hypothyroïdie. Voici une description plus détaillée des signes cliniques observables dans différents domaines médicaux :

Psychiatrie :

  • Syndrome maniaco-dépressif : des fluctuations d’humeur extrêmes, oscillant entre des épisodes de manie (excitation, euphorie) et de dépression (tristesse, apathie) peuvent être observées.
  • Syndrome démentiel : troubles cognitifs et comportementaux, qui peuvent ressembler à une démence.

Cardiologie :

  • Pouls faible : palpable lors de l’examen physique.
  • Bruits du cœur faibles : perceptibles lors de l’auscultation.
  • Bradycardie : ralentissement du rythme cardiaque.
  • Trouble du rythme : des irrégularités du rythme cardiaque peuvent être présentes.

Dermatologie :

  • Inspection : le visage peut apparaître pâle et bouffi, avec un faciès lunaire, des paupières gonflées, des lèvres épaisses avec une rougeur bleuâtre des lèvres et des pommettes, un œdème comblant les creux sus claviculaires et axillaires, des doigts boudinés, et une hypertrophie musculaire.

Neurologie :

  • Syndrome myogène : se manifeste par une faiblesse musculaire, des crampes et des douleurs musculaires.

ORL :

  • Palpation : une atrophie homogène de la glande thyroïde peut être détectée, ainsi que la présence de nodules.

Il convient de noter que la présence de ces signes cliniques, bien qu’indicative, ne suffit pas à elle seule à établir un diagnostic de thyroïdite atrophique. Un examen plus approfondi, y compris des tests de laboratoire pour mesurer les niveaux d’hormones thyroïdiennes, est généralement nécessaire pour confirmer le diagnostic.

Les complications

Voici quelques autres symptômes et complications potentielles liés à cette affection :

Apnées du sommeil : les ronflements, les pauses respiratoires nocturnes et l’hypertension peuvent être des signes d’apnée du sommeil, un trouble dans lequel la respiration s’arrête et repart de manière répétée pendant le sommeil.

Syndrome du canal carpien : des fourmillements dans les mains peuvent être le signe du syndrome du canal carpien, une affection caractérisée par une pression excessive sur le nerf médian, le principal nerf de la main, qui traverse le canal carpien.

Péricardite par infiltration : cette inflammation de la couche externe du cœur peut provoquer des douleurs thoraciques et des frottements audibles lors de l’auscultation cardiaque.

Troubles de la conduction : les troubles du rythme cardiaque peuvent être le signe de troubles de la conduction, comme un bloc auriculo-ventriculaire (BAV), un bloc de branche droit (BBD) ou un bloc de branche gauche (BBG).

Coma myxœdémateux : ce trouble potentiellement mortel est une complication rare mais grave de l’hypothyroïdie non traitée. Il se caractérise par une altération de la conscience, une baisse de la température corporelle et une diminution de la fréquence respiratoire. Il peut être déclenché par une infection, une exposition au froid ou un médicament sédatif.

Grossesse : chez les femmes enceintes, l’hypothyroïdie non traitée peut augmenter le risque de complications, telles que la prééclampsie (hypertension artérielle et signes de dommages à un autre système d’organes, souvent le foie et les reins), l’accouchement prématuré et les hémorragies du post-partum.

Il est crucial de reconnaître et de traiter la thyroïdite atrophique pour éviter ces complications potentiellement graves. Si vous présentez des symptômes d’hypothyroïdie, consultez un professionnel de la santé pour une évaluation complète.

Ne pas confondre

Le diagnostic peut être compliqué à faire. Si c’était le cas, consultez Learnycare+. Tapez « TSH élevée » et laissez vous guider.

Les examens

Les tests de laboratoire jouent un rôle crucial dans le diagnostic de la thyroïdite atrophique. Les principaux tests sont :

TSH (hormone thyréotrope ou thyrotropine) : cette hormone est produite par l’hypophyse et stimule la thyroïde pour produire et libérer des hormones thyroïdiennes. Des niveaux normaux de TSH varient généralement entre 0,4 et 4 mUI/l chez l’adulte. Si la TSH est supérieure à 4 mUI/L à deux reprises espacées d’un mois, cela peut indiquer une hypothyroïdie. Une TSH entre 4-10 mUI/l est considérée comme peu élevée, tandis qu’une TSH >10 mUI/l est considérée comme très élevée, ce qui indique généralement une hypothyroïdie plus sévère.

T4 libre (thyroxine libre) : c’est l’une des deux principales hormones produites par la glande thyroïde. Un dosage bas de T4 libre indique une hypothyroïdie, tandis qu’un dosage normal de T4 libre, associé à une TSH élevée, peut indiquer une hypothyroïdie dite « fruste » ou subclinique, où la glande thyroïde commence à avoir du mal à maintenir une production normale d’hormones.

Ac anti-TRAB (anticorps anti-récepteurs de la TSH) : ces anticorps peuvent se lier aux récepteurs de la TSH sur la glande thyroïde, interférant avec la régulation normale de la production d’hormones thyroïdiennes. Des Ac anti-TRAB positifs peuvent indiquer une maladie auto-immune de la thyroïde, comme la maladie de Graves ou la thyroïdite de Hashimoto, qui peut évoluer vers une thyroïdite atrophique.

Le choix de ces tests et l’interprétation de leurs résultats doivent toujours être effectués par un professionnel de la santé qualifié, compte tenu des symptômes du patient, de son histoire clinique et de ses facteurs de risque.

Autres bilan sanguin

D’autres tests de laboratoire peuvent être réalisés pour évaluer les complications potentielles de la thyroïdite atrophique. Voici ce que signifient certaines valeurs anormales :

Numération de la formule sanguine : une baisse de l’hémoglobine et une augmentation du volume globulaire moyen (VGM) peuvent indiquer une anémie, qui peut être associée à l’hypothyroïdie.

Créatinine : normalement, la créatinine sérique se situe entre 5 et 8 mg/l. Un niveau élevé peut indiquer un problème rénal, qui peut être une conséquence de l’hypothyroïdie sévère.

CPK (Créatine Phosphokinase) : des niveaux normaux se situent entre 10 et 200 UI/L. Des taux élevés peuvent indiquer un syndrome myogène, qui est un ensemble de symptômes indiquant une atteinte musculaire, une complication possible de l’hypothyroïdie.

LDH (Lactate déshydrogénase) : des niveaux élevés peuvent également indiquer une atteinte des muscles.

Sodium (Na) : normalement, les taux de sodium sérique se situent entre 135 et 145 mmol/l. Des taux bas peuvent indiquer une hyponatrémie, qui peut résulter d’un retard d’élimination de l’eau associé à l’hypothyroïdie.

Hyperprolactinémie : des niveaux élevés de prolactine peuvent résulter d’un rétrocontrôle négatif sur la TRH (Thyrotropin Releasing Hormone) en cas d’hypothyroïdie, ce qui peut affecter les cycles menstruels chez les femmes.

Hypercholestérolémie : l’hypothyroïdie peut augmenter les niveaux de cholestérol, ce qui peut augmenter le risque de maladie cardiaque.

Ces tests peuvent aider à déterminer l’étendue de l’impact de l’hypothyroïdie sur divers systèmes de l’organisme et à orienter le plan de traitement.

Le traitement

Étape 1 : prendre en charge

Médecin généraliste : en premier lieu, il est recommandé de consulter son médecin généraliste si on présente des symptômes évoquant une thyroïdite atrophique. Le médecin généraliste est capable de réaliser une première évaluation et de prescrire les examens initiaux nécessaires.

Endocrinologue : si les résultats des examens suggèrent la présence d’une thyroïdite atrophique, le patient sera généralement dirigé vers un endocrinologue. L’endocrinologue est un spécialiste des glandes endocrines et des hormones, y compris la glande thyroïde et ses troubles. Il sera capable d’établir un diagnostic précis, de prescrire un traitement et d’assurer le suivi à long terme de la maladie.

C’est très important de consulter un professionnel de santé si on suspecte un problème de thyroïde. La thyroïdite atrophique est une maladie chronique qui peut avoir des répercussions significatives sur la qualité de vie si elle n’est pas correctement traitée. Avec un diagnostic et un traitement appropriés, la plupart des personnes atteintes de thyroïdite atrophique peuvent mener une vie normale et saine.

Étape 2 : soigner

La thyroïdite atrophique est une maladie chronique qui entraîne une hypothyroïdie, c’est-à-dire une production insuffisante d’hormones thyroïdiennes. L’objectif du traitement est de compenser cette insuffisance en fournissant à l’organisme les hormones thyroïdiennes qu’il ne produit pas en quantité suffisante. Cela permet de normaliser les niveaux d’hormones thyroïdiennes dans le sang et de soulager les symptômes de l’hypothyroïdie.

Toutefois, tous les patients atteints de thyroïdite atrophique n’ont pas nécessairement besoin d’être traités. Le traitement est détaillé dans Learnycare+, si cela vous intéresse ?

Il est important de consulter régulièrement un professionnel de santé pendant le traitement par lévothyroxine pour surveiller les niveaux d’hormones thyroïdiennes et ajuster la dose de médicament si nécessaire. Le but du traitement est de normaliser les niveaux de TSH et de T4 libre, ce qui indique que la glande thyroïde fonctionne correctement.

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Dr Learnycare
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