Listériose

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Listériose

Vous êtes peut-être en train de manger un sandwich, de déguster un morceau de fromage ou de préparer une salade sans imaginer qu’un intrus invisible pourrait s’y cacher. Cet intrus, c’est la Listeria monocytogenes, la bactérie responsable de la listériose. Cette maladie, bien que rare, peut avoir des conséquences graves, voire mortelles, en particulier pour les personnes vulnérables. Mais qu’est-ce que la listériose exactement ? Comment se transmet-elle et comment peut-on se protéger ? Plongeons-nous dans le monde invisible des bactéries pour mieux comprendre cette menace et apprendre à nous en prémunir.

Qu’est-ce que ?

Définition

Listeria monocytogenes, ce nom peut sembler complexe pour la plupart d’entre nous. Cependant, il désigne une bactérie que tout un chacun devrait connaître, du fait de ses potentielles conséquences sur notre santé. Petit bacille gram positif, mobile grâce à ses flagelles, cette bactérie a la particularité de pouvoir se développer même à basse température, comme dans nos réfrigérateurs. Et, bien qu’elle puisse exister sans oxygène, elle n’en demeure pas moins opportuniste, profitant de nos systèmes pour se propager.

Explications

Le parcours de la bactérie Listeria monocytogenes à travers le corps humain est un exemple fascinant de la manière dont un micro-organisme peut tirer parti de nos systèmes pour causer une maladie. Voici un aperçu simplifié de ce cycle infectieux :

  1. Contamination digestive : tout commence lorsque nous consommons des aliments contaminés. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce n’est pas seulement les aliments crus ou mal cuits qui sont à risque. Les produits laitiers non pasteurisés, certains poissons et fruits de mer, la volaille, la charcuterie, la viande, et même certains fruits et produits comme la gelée peuvent être porteurs de cette bactérie.
  2. Période d’incubation : une fois ingérée, la bactérie ne cause pas immédiatement des symptômes. Elle observe une période d’incubation allant de 10 à 28 jours. Durant cette phase, la personne infectée peut ne ressentir aucun signe de maladie, rendant la détection et la traçabilité de l’infection difficile.
  3. Franchissement du tube digestif : Listeria monocytogenes ne reste pas passive dans notre estomac ou nos intestins. Elle a la capacité de traverser la barrière intestinale, en particulier en s’attaquant aux plaques de Peyer, des tissus lymphoïdes situés dans la paroi de l’intestin.
  4. Propagation dans l’organisme : une fois cette barrière franchie, la bactérie se disperse à travers le corps. Elle emprunte d’abord la voie lymphatique, puis pénètre dans la circulation sanguine. Sa capacité à se développer à l’intérieur de nos cellules lui permet d’échapper à notre système immunitaire et de poursuivre sa multiplication. Cette dissémination peut toucher divers organes et tissus, dont le cerveau, le placenta chez les femmes enceintes, ou même le système nerveux central.

Diagnostic

Les personnes concernées

En dépit de sa relative rareté, la listériose est une affection qui mérite toute notre attention, notamment pour un groupe spécifique de la population : les femmes enceintes. En effet, ces dernières sont particulièrement vulnérables face à Listeria monocytogenes.

Susceptibilité accrue pendant la grossesse : surprenant pour beaucoup, près de 50% des infections à Listeria monocytogenes surviennent chez les femmes enceintes. Cette susceptibilité accrue est en grande partie due à une diminution de l’immunité, particulièrement prononcée vers le troisième trimestre (T3) de la grossesse. Ce phénomène est naturel et permet d’éviter un rejet du fœtus par le corps de la mère. Cependant, il rend aussi la femme enceinte plus vulnérable à certaines infections, dont la listériose.

Consommation d’aliments à risque : la consommation régulière d’aliments susceptibles d’être contaminés, comme les fromages au lait cru ou les charcuteries non cuites, peut augmenter le risque d’infection.

Statistiques en France : bien que la listériose soit relativement rare, chaque cas est pris très au sérieux par les autorités sanitaires. En France, entre 300 et 400 cas sont diagnostiqués chaque année. Cette incidence annuelle de 5 à 6 cas par million d’habitants, bien que faible, n’est pas à négliger, étant donné les conséquences potentiellement graves de l’infection.

Les symptômes

La listériose, causée par la bactérie Listeria monocytogenes, est une maladie qui peut se manifester de diverses manières, la rendant parfois difficile à diagnostiquer. Elle peut, dans certains cas, être totalement asymptomatique, rendant son dépistage encore plus complexe.

Asymptomatique ou Inaperçue

Il n’est pas rare que des personnes infectées par Listeria monocytogenes ne présentent aucun symptôme. Pour d’autres, les signes peuvent être si légers et non spécifiques qu’ils passent inaperçus ou sont attribués à une autre cause, comme une simple grippe ou une gastro-entérite. Cette caractéristique rend la listériose particulièrement insidieuse, car la maladie peut progresser sans que l’on s’en rende compte.

Symptômes courants de la Listeriose

  1. Symptômes généraux :
    • Syndrome pseudo-grippal : la listériose peut débuter par des symptômes similaires à ceux d’une grippe. Cela inclut de la fièvre, souvent accompagnée de frissons, des maux de tête, des douleurs musculaires et une fatigue générale. Ces signes peuvent être trompeurs et conduire à un diagnostic erroné ou retardé.
  2. Symptômes digestifs :
    • Troubles digestifs : certains patients peuvent également présenter des troubles digestifs. Les nausées, suivies ou non de vomissements, sont courantes. La diarrhée peut également survenir, parfois accompagnée de douleurs abdominales.

Les complications

Bien que les symptômes initiaux de la listériose puissent parfois paraître bénins, la maladie peut entraîner des complications sévères, en particulier si elle n’est pas traitée rapidement et efficacement. Voici quelques-unes des complications possibles associées à cette infection:

Syndrome méningé conduisant à une méningo-encéphalite :

  • Les symptômes associés à une infection des méninges par Listeria monocytogenes sont notamment une forte fièvre, une raideur de la nuque, des maux de tête intenses, une photophobie (sensibilité à la lumière) et parfois une confusion ou d’autres signes neurologiques. Cette complication peut être fatale, en particulier si elle n’est pas diagnostiquée et traitée à temps.

Complications chez la femme enceinte et risques pour le fœtus :

  • Chorio-amniotite : Cette inflammation des membranes entourant le fœtus est une complication grave de la listériose. Elle se manifeste chez la mère par une fièvre, une souffrance fœtale (comme un rythme cardiaque anormal du bébé) et un écoulement vaginal purulent. Cette affection peut entraîner diverses complications pour la mère et le fœtus:
    • Avortement spontané : La chorio-amniotite augmente le risque de fausse-couche.
    • Accouchement prématuré fébrile : La femme enceinte peut être amenée à accoucher prématurément, avec des risques associés pour le nouveau-né.
    • Mort fœtale in utero : Dans les cas les plus graves, l’infection peut entraîner la mort du fœtus dans l’utérus.

La listériose, bien que relativement rare, est donc une maladie qui ne doit pas être prise à la légère, en raison de ses complications potentiellement graves. La prévention, par une hygiène alimentaire stricte et une sensibilisation aux risques, demeure le meilleur moyen de protéger les populations vulnérables. En présence de symptômes évocateurs, une consultation médicale rapide est primordiale.

Les examens

Le diagnostic biologique de la listériose repose sur la mise en évidence de la bactérie Listeria monocytogenes dans divers prélèvements, selon la présentation clinique et le site d’infection. Voici un aperçu des principales méthodes de diagnostic et de surveillance :

a-Hémocultures :

Il s’agit de cultures du sang visant à détecter la présence de bactéries dans la circulation sanguine. Dans le contexte de la listériose, une attention particulière est portée à la recherche spécifique de Listeria monocytogenes. Les hémocultures sont essentielles pour confirmer la bactériémie (présence de bactéries dans le sang) et sont souvent le premier test réalisé chez les patients présentant des signes de septicémie.

b-LCR (Liquide Céphalo-Rachidien) :

En cas de suspicion de méningite ou de méningo-encéphalite, une ponction lombaire est réalisée pour obtenir un échantillon de LCR. Ce liquide est ensuite analysé pour rechercher la présence de la bactérie et d’autres signes d’infection.

c-Placenta :

Chez les femmes enceintes présentant des symptômes de listériose, des prélèvements du placenta peuvent être effectués après l’accouchement ou la fausse-couche pour confirmer l’infection.

d-Liquide d’ascite :

Chez les patients présentant une ascite (accumulation de liquide dans la cavité abdominale), un prélèvement peut être effectué pour rechercher la présence de la bactérie.

e-Ponction articulaire :

Si les symptômes sont évocateurs d’une infection articulaire due à Listeria, une ponction du liquide articulaire peut être réalisée pour un examen direct et une culture.

f-Électrocardiotocogramme (ou monitoring fœtal) :

Cet examen, souvent appelé « monitoring », est utilisé pour surveiller la vitalité fœtale. Il mesure simultanément les battements cardiaques du fœtus et les contractions utérines de la mère. Dans le contexte de la listériose, il permet de déceler tout signe de souffrance fœtale, qui pourrait être lié à une infection.

En résumé, le diagnostic de la listériose repose sur une combinaison d’examens cliniques et biologiques. La précocité du diagnostic et la mise en place rapide d’un traitement sont essentielles pour prévenir les complications et améliorer le pronostic des patients.

Le traitement

Étape 1 : prendre en charge

La listériose, en raison de sa capacité à entraîner des complications sévères, nécessite une prise en charge médicale adaptée et souvent multidisciplinaire. Voici un aperçu des étapes et des professionnels impliqués dans la prise en charge de cette infection :

Professionnels de santé de ville :

Ces professionnels jouent un rôle essentiel dans l’orientation et le conseil. Ils sont souvent le premier point de contact pour les patients qui présentent des symptômes. Ils peuvent éduquer le public sur les risques associés à la listériose, ainsi que sur les mesures préventives à adopter.

Médecin généraliste :

C’est généralement le médecin généraliste qui pose le premier diagnostic. Face à un tableau clinique évocateur, il prescrira les examens nécessaires (comme les hémocultures) et orientera le patient vers un spécialiste ou un hôpital si nécessaire.

Gynécologue et infectiologue :

Leur expertise est cruciale dans les cas de listériose touchant les femmes enceintes. Le gynécologue surveillera la santé de la mère et du fœtus, tandis que l’infectiologue apportera son expertise sur l’infection elle-même et guidera la thérapeutique adaptée.

Hospitalisation en obstétrique :

Si la mère ou le fœtus présente des signes de détresse, une hospitalisation en service d’obstétrique peut être nécessaire. L’équipe médicale surveillera de près la progression de la grossesse, la santé de la mère et celle du fœtus.

Réanimation néonatale :

Dans le cas où le nouveau-né présente des symptômes sévères de listériose ou des complications liées à une infection transmise in utero, une admission en unité de réanimation néonatale peut être nécessaire. Cette unité spécialisée dispose de l’équipement et de l’expertise pour prendre en charge les nouveau-nés en situation critique.

En conclusion, la prise en charge de la listériose nécessite une approche coordonnée et multidisciplinaire, impliquant plusieurs professionnels de santé, afin d’assurer le meilleur pronostic pour le patient et, le cas échéant, pour le fœtus.

Étape 2 : soulager les symptômes

Même si le traitement principal de la listériose est antibiotique, il est important de soulager les symptômes afin d’améliorer le confort du patient pendant la durée de l’infection : lutte contre la fièvre, les nausées, les diarrhées.

Étape 3 : prévoir une chirurgie

La listériose est une infection qui, en raison de ses possibles complications sévères, nécessite une prise en charge thérapeutique rapide et adaptée. Lorsqu’une suspicion clinique de listériose est établie, il est primordial de débuter un traitement antibiotique sans attendre les résultats des cultures, pour augmenter les chances de guérison et minimiser les risques.

Il est crucial de consulter un médecin ou un spécialiste pour une évaluation appropriée et un suivi régulier tout au long du traitement. Ce schéma thérapeutique est donné à titre indicatif et peut être modifié selon les recommandations cliniques en vigueur et l’évolution des résistances bactériennes.

La prévention est la clé pour éviter la listériose. En suivant ces conseils et en étant vigilant quant à la provenance et la préparation de vos aliments, vous pouvez réduire considérablement votre risque d’infection.

Fièvre, maux de tête… Et si c’était la listériose ? Apprenez à reconnaître les signes pour agir rapidement et éviter les complications.

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Dr Learnycare
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