Dysphorie de genre

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Dysphorie de genre

Imaginez-vous un moment à l’intérieur de votre propre peau, mais avec une profonde sensation que quelque chose ne va pas. Vous savez que votre identité intime ne correspond pas tout à fait à l’apparence que la société vous a attribuée à la naissance. C’est ce que vivent de nombreuses personnes qui souffrent de dysphorie de genre, une expérience complexe et souvent méconnue. Dans cet article, nous allons explorer ce concept, comprendre ce que signifie vraiment être en désaccord avec son propre genre assigné, et découvrir les défis et les espoirs de ceux qui traversent ce voyage unique vers l’authenticité de soi.

Qu’est-ce que ?

Définition

Dysphorie veut dire « malaise », par opposition à « euphorie ».

La dysphorie de genre est une expérience vécue par des personnes dont l’identité de genre ne correspond pas au sexe qui leur a été assigné à la naissance. Cette affection peut entraîner une détresse significative, affectant le bien-être émotionnel et social de l’individu. Il est important de noter que la dysphorie de genre n’est pas en elle-même un trouble mental, mais peut être associée à de l’anxiété, de la dépression ou d’autres défis psychologiques en raison des stigmates et de l’incompréhension sociaux.

L’objectif de cet article est de démystifier la dysphorie de genre, en expliquant ce que cela signifie réellement pour les personnes qui la vivent et en soulignant l’importance d’une société inclusive et informée. Nous discuterons des aspects psychologiques, sociaux et médicaux, tout en partageant des témoignages qui mettent en lumière les expériences personnelles des individus concernés.

En tant que société, il est essentiel de reconnaître et de respecter les identités de genre de chacun, tout en fournissant un soutien et des ressources adaptées aux personnes éprouvant de la dysphorie de genre. Cet article vise à contribuer à une meilleure compréhension et à promouvoir un dialogue constructif autour de la diversité des genres.

Explications

La physiopathologie de la dysphorie de genre est complexe et encore objet de nombreuses recherches. Historiquement, le terme « transsexualisme » a été utilisé pour décrire une condition où l’identité de genre d’une personne ne correspond pas à son sexe de naissance. Cela peut également inclure des cas moins fréquents où les caractères sexuels secondaires, comme la voix ou la pilosité, ou l’anatomie sexuelle, ne sont pas en adéquation avec le sexe chromosomique de l’individu.

Cette incongruence peut générer une souffrance psychologique profonde et chronique. Les scientifiques explorent divers facteurs biologiques, psychologiques et environnementaux pour comprendre les origines de cette expérience vécue. Parmi les pistes étudiées, on trouve des variations hormonales pendant le développement fœtal, des différences dans certaines structures cérébrales, ainsi que des influences génétiques.

Il est crucial de distinguer la dysphorie de genre des orientations sexuelles ; la première concerne l’identité intime de l’individu par rapport à son genre, tandis que la seconde se réfère à l’attirance envers d’autres personnes. Cette distinction est souvent mal comprise, conduisant à des préjugés et à une stigmatisation des personnes transgenres.

Diagnostic

Les personnes concernées

Les données disponibles suggèrent que la fréquence de la dysphorie de genre est en augmentation, reflétant peut-être une plus grande reconnaissance et acceptation des identités de genre diverses dans la société ainsi qu’une amélioration des moyens de diagnostic.

Les facteurs de risque pour la dysphorie de genre ne sont pas des « causes » au sens traditionnel, mais plutôt des indicateurs statistiques de prévalence accrue. Ils peuvent inclure :

  • Facteurs biologiques : certains chercheurs suggèrent que les influences hormonales pendant le développement fœtal peuvent jouer un rôle.
  • Facteurs psychosociaux : les expériences de stigmatisation, de discrimination et de rejet social peuvent exacerber la détresse liée à la dysphorie de genre.
  • Facteurs familiaux : un soutien familial limité ou l’absence de reconnaissance peuvent augmenter les risques de détresse psychologique et de problèmes de santé mentale.

Il est important de reconnaître que ces facteurs de risque ne sont pas des prédicteurs infaillibles et que chaque personne est unique. De plus, la corrélation entre ces facteurs et la dysphorie de genre ne signifie pas causalité. La condition de dysphorie de genre survient dans toutes les cultures et tous les contextes sociaux, et sa présence ne découle pas nécessairement de facteurs de risque identifiables.

En termes d’épidémiologie, il est également primordial de souligner l’impact des facteurs de risque sur le bien-être mental et physique des personnes transgenres. Les études montrent que le manque de soutien, la discrimination et la violence peuvent conduire à des taux plus élevés de dépression, d’anxiété et de comportements suicidaires chez les personnes dysphoriques de genre.

L’évaluation psychologique

La démarche diagnostique de la dysphorie de genre est généralement approfondie et individualisée, impliquant souvent une évaluation psychiatrique étendue sur une période prolongée. Cela permet aux professionnels de la santé mentale d’acquérir une compréhension complète de l’expérience vécue par la personne.

  • L’Évaluation Psychiatrique : Cela inclut généralement des entretiens cliniques répétés pour évaluer l’histoire personnelle, le bien-être psychologique, et le degré de détresse associé à l’incongruence de genre. Ces entretiens cherchent à exclure d’autres conditions psychiatriques et à s’assurer que la dysphorie de genre n’est pas le résultat d’un conflit psychologique temporaire.
  • L’Expérience en Vie Réelle : Souvent appelé « real-life test », c’est une période durant laquelle la personne vit pleinement dans le genre avec lequel elle s’identifie dans la vie quotidienne. Cela peut aider à confirmer l’identité de genre stable et persistante et à évaluer la capacité de l’individu à fonctionner dans différents rôles sociaux.
  • Bilan Psychologique : Des tests psychologiques standardisés peuvent être utilisés pour obtenir des données objectives. Par exemple, le test de niveau Bois-Pichot peut être utilisé pour évaluer les fonctions cognitives. Des tests de personnalité comme le Rorschach ou le Minnesota Multiphasic Personality Inventory (MMPI) peuvent aider à évaluer les aspects de la personnalité et à identifier d’éventuels troubles psychologiques.

Ces évaluations sont importantes non seulement pour poser un diagnostic précis, mais aussi pour élaborer un plan de traitement adapté aux besoins spécifiques de l’individu. Elles doivent être menées par des professionnels formés et sensibles aux questions de genre, dans un cadre de soutien et de respect de la personne.

Les complications

La dysphorie de genre peut entraîner diverses complications et défis pour les individus qui en souffrent. Voici quelques-unes des complications possibles de la dysphorie de genre, expliquées de manière simplifiée :

  • Stress psychologique : les personnes atteintes de dysphorie de genre peuvent ressentir un stress intense, de l’anxiété, de la dépression et d’autres problèmes de santé mentale en raison de la discorde entre leur identité de genre et leur corps.
  • Isolement social : la stigmatisation et la discrimination liées à la dysphorie de genre peuvent conduire à l’isolement social, à l’aliénation de la famille et des amis, ainsi qu’à des difficultés à établir des relations saines.
  • Risques de santé mentale : les individus dysphoriques de genre sont plus susceptibles de faire face à des problèmes de santé mentale, tels que l’automutilation, la tentative de suicide ou la toxicomanie, en raison de leur lutte pour trouver leur identité de genre.
  • Problèmes de santé physique : certaines personnes dysphoriques de genre peuvent choisir de subir des interventions médicales, telles que la chirurgie de réattribution sexuelle ou l’hormonothérapie, pour aligner leur corps avec leur identité de genre. Ces procédures comportent des risques et des complications potentiels.
  • Barrières d’accès aux soins de santé : les personnes transgenres et non binaires peuvent rencontrer des obstacles pour accéder aux soins de santé, y compris des soins spécifiques à leur identité de genre, en raison de la discrimination médicale ou des politiques restrictives.
  • Rejet familial : les membres de la famille peuvent réagir de différentes manières à la révélation de la dysphorie de genre, allant du soutien inconditionnel au rejet total. Le rejet familial peut avoir des conséquences émotionnelles graves.
  • Discrimination et harcèlement : les individus dysphoriques de genre sont souvent victimes de discrimination et de harcèlement en raison de leur identité de genre. Cela peut se produire dans le milieu de travail, dans l’éducation et dans la société en général.

Il est important de noter que la compréhension et la sensibilisation à la dysphorie de genre sont essentielles pour soutenir les personnes qui en sont affectées. Le respect de l’identité de genre d’une personne, l’accès à des soins de santé appropriés et le soutien social peuvent jouer un rôle crucial dans l’amélioration de la qualité de vie des individus dysphoriques de genre et dans la réduction des complications potentielles.

Les examens

Le diagnostic de la dysphorie de genre est avant tout clinique, c’est-à-dire basé sur les sentiments et les expériences rapportés par la personne concernée, ainsi que sur les observations cliniques d’un professionnel de santé mentale qualifié. La dysphorie de genre fait référence à une détresse ou à une gêne qu’une personne peut ressentir du fait d’une inadéquation entre son sexe assigné à la naissance et son identité de genre.

Contrairement à d’autres affections médicales, il n’y a pas d’examen biologique, comme un test sanguin ou une imagerie, qui puisse diagnostiquer la dysphorie de genre. Le processus de diagnostic implique généralement des consultations avec des psychologues ou des psychiatres spécialisés dans le domaine de la santé du genre. Ces spécialistes peuvent utiliser les critères diagnostiques, tels que ceux du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5), pour évaluer si une personne remplit les critères de la dysphorie de genre.

Le processus peut inclure des discussions sur divers aspects de la vie de l’individu, y compris, mais sans s’y limiter, son inconfort avec les caractéristiques de son sexe, son désir de vivre et d’être accepté en tant que personne du genre avec lequel il s’identifie, et la durée et la consistance de ces sentiments. L’important est que le diagnostic soit effectué de manière empathique et soutenante, en respectant l’individu et son vécu.

Il est essentiel de comprendre que la dysphorie de genre n’est pas en soi une maladie mentale, mais que la détresse et la gêne qui en découlent peuvent causer une souffrance significative, pouvant nécessiter un soutien professionnel.

Le traitement

Étape 1 : prendre en charge

La prise en charge de la dysphorie de genre est multidisciplinaire et peut impliquer différents professionnels de santé de la ville et du secteur spécialisé. Voici comment chacun peut contribuer :

Professionnels de santé de ville :

  • Ces professionnels incluent les médecins généralistes, les infirmières, les psychologues, les travailleurs sociaux et d’autres spécialistes de la santé qui travaillent en dehors des hôpitaux ou des cliniques spécialisées.
  • Ils jouent souvent un rôle d’orientation et de conseil initial. Ils peuvent être les premiers points de contact pour les individus cherchant de l’aide pour la dysphorie de genre.
  • Ils peuvent fournir un soutien, des informations et orienter les patients vers des spécialistes comme des endocrinologues, des psychiatres, des sexologues ou des centres de santé du genre pour une prise en charge spécialisée.

Médecin généraliste :

  • Le médecin généraliste peut poser un diagnostic préliminaire et est souvent la personne qui réfère les patients à des spécialistes pour un avis plus approfondi.
  • Il assure le suivi général de la santé du patient et peut coordonner les différents aspects de la prise en charge, y compris l’initiation d’un traitement hormonal si nécessaire et en concertation avec un endocrinologue.
  • Il peut également aider à gérer les problèmes de santé courants qui ne sont pas directement liés à la dysphorie de genre mais qui peuvent affecter le bien-être général du patient.

Psychiatre et sexologue :

  • Ces spécialistes fournissent des avis spécialisés et peuvent effectuer une évaluation plus détaillée pour confirmer le diagnostic de dysphorie de genre.
  • Ils sont également capables de traiter les troubles de santé mentale associés, comme l’anxiété ou la dépression, qui peuvent accompagner la dysphorie de genre.
  • Le suivi peut inclure une thérapie de soutien, des discussions sur les options de transition de genre, et, si nécessaire, des recommandations pour un traitement hormonal ou des chirurgies affirmant le genre.
  • Ils jouent un rôle crucial dans le soutien psychologique et dans l’accompagnement à long terme des personnes transgenres ou non conformes au genre.

Endocrinologue :

  • Ces spécialiste proposera un traitement hormonal adapté après feu vert du psychiatre.

Chirurgien spécialiste :

  • Ces professionnel est à choisir avec précaution. Il doit avoir une expérience suffisante et garantir la sécurité et le suivi de ses patients.

Il est important de noter que la prise en charge est toujours personnalisée et basée sur les besoins spécifiques de chaque individu. Le respect de l’autonomie du patient et de son consentement éclairé est primordial à chaque étape du processus.

Étape 2 : le traitement

La prise en charge médicale de la dysphorie de genre pour les personnes qui choisissent de subir une transition médicale peut inclure un traitement hormonal et, éventuellement, une chirurgie de réattribution sexuelle. Voici les grandes lignes de ces traitements :

Traitement Hormonal :

  • Le traitement hormonal vise à aligner l’apparence physique d’une personne avec son identité de genre. Chez les personnes assignées hommes à la naissance, cela peut inclure des œstrogènes et des bloqueurs de testostérone. Chez les personnes assignées femmes à la naissance, le traitement peut inclure de la testostérone.
  • Ces traitements sont généralement initiés à l’âge adulte ou après l’adolescence, car les effets sont en partie irréversibles et nécessitent une capacité à donner un consentement éclairé. Ils ne sont pas administrés chez les enfants. Chez les adolescents, des bloqueurs de puberté peuvent être prescrits pour retarder temporairement les changements corporels jusqu’à ce qu’ils soient assez âgés pour prendre des décisions éclairées sur les traitements hormonaux.

Chirurgie de Réattribution Sexuelle :

  • Chirurgie de masculinisation (FTM – Female to Male) :
    • La chirurgie de masculinisation peut inclure une mammectomie (ablation des seins), une hystéro-ovariectomie (ablation de l’utérus et des ovaires), et parfois une phalloplastie (création d’un pénis), bien que cette dernière ne soit pas nécessaire pour le changement d’état civil dans de nombreux pays.
  • Chirurgie de féminisation (MTF – Male to Female) :
    • La chirurgie de féminisation peut inclure l’ablation des testicules (orchidectomie), l’ablation des corps caverneux et spongieux, la création d’un néovagin et d’un néoclitoris, avec une urétrostomie périnéale pour permettre l’écoulement de l’urine.
  • Les taux d’incidence de la chirurgie de réattribution sexuelle sont relativement rares, estimés à 1 sur 30 000 chez les hommes et 1 sur 100 000 chez les femmes, bien que ces chiffres puissent varier.

Il est crucial de souligner que la décision de suivre un traitement hormonal ou de subir une chirurgie de réattribution sexuelle est extrêmement personnelle et doit être prise avec le soutien de professionnels de santé compétents et bienveillants. Le consentement éclairé et le soutien psychologique continu sont essentiels tout au long de ce processus.Dysphorie de genre infographie

Surveillance

La surveillance des personnes qui subissent un traitement hormonal ou des chirurgies dans le cadre de la transition de genre est un aspect crucial de la prise en charge, et elle est généralement réalisée par une équipe multidisciplinaire. Voici les principaux points de surveillance :

Pour le Traitement Hormonal :

  • Surveillance régulière des niveaux hormonaux pour s’assurer qu’ils sont dans la plage souhaitée pour le genre vécu.
  • Suivi des effets secondaires potentiels du traitement hormonal, comme les changements de l’humeur, les risques thromboemboliques, les modifications du métabolisme, et les changements dans la distribution de la graisse corporelle et de la masse musculaire.
  • Contrôle des indicateurs de santé générale comme la pression artérielle, le profil lipidique, et la glycémie, qui peuvent être affectés par les hormones.
  • Évaluations régulières pour surveiller et gérer les effets sur la santé mentale, y compris la dysphorie de genre, l’anxiété, et la dépression.

Pour la Chirurgie de Réattribution Sexuelle :

  • Chirurgie de masculinisation :
    • Surveillance des résultats de la mammectomie et de l’hystéro-ovariectomie pour s’assurer de la guérison appropriée et de l’absence de complications telles que les infections ou les cicatrices anormales.
    • En cas de phalloplastie, suivi de la fonction urinaire et de la satisfaction esthétique.
  • Chirurgie de féminisation :
    • Suivi de la guérison du néovagin et du néoclitoris, y compris la gestion de la profondeur et de l’élasticité du néovagin et la prévention des sténoses.
    • Surveillance de l’urétrostomie pour s’assurer que l’écoulement de l’urine est adéquat et sans complication.
    • Prévention et traitement des complications chirurgicales, telles que les hémorragies, les infections et les problèmes de cicatrisation.
    • Évaluation de la satisfaction du patient par rapport aux résultats esthétiques et fonctionnels, et de l’impact psychologique de la chirurgie.

Suivi Psychologique :

  • Le soutien psychologique continu est vital pour aider les individus à s’adapter aux changements dans leur corps et dans leur vie sociale.
  • Les interventions psychologiques peuvent inclure un soutien individuel, des thérapies de groupe, et parfois un accompagnement familial.

Suivi Social et Légal :

  • Aide à la navigation dans les démarches administratives pour le changement de nom et de marqueur de genre sur les documents légaux.
  • Soutien dans les éventuelles transitions sociales au travail, à l’école, et dans d’autres domaines de la vie publique.

La surveillance est personnalisée et varie selon les besoins individuels, les traitements suivis et les protocoles des centres de santé qui gèrent la transition de genre. Elle implique des visites régulières chez les différents professionnels de santé pour s’assurer que la transition se fait de manière sûre et efficace, en favorisant le bien-être global de la personne.

Sentiment d’inadéquation avec son corps, mal-être profond… Et si c’était une dysphorie de genre ? Découvrez les signes pour mieux comprendre et soutenir ceux qui en souffrent.

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Dr Learnycare
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