Traumatisme de la vessie

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Traumatisme de la vessie

Lorsque nous pensons aux traumatismes, l’image qui nous vient souvent à l’esprit est celle de fractures, de coupures ou de contusions visibles. Pourtant, il existe des traumatismes qui, bien qu’invisibles de l’extérieur, peuvent avoir des conséquences graves sur notre santé. Parmi ceux-ci, le traumatisme de la vessie reste largement méconnu du grand public. Située dans le bas de l’abdomen, cette poche musculaire joue un rôle essentiel dans l’élimination des déchets de notre corps sous forme d’urine. Mais que se passe-t-il lorsque la vessie est blessée ? Et comment pouvons-nous éviter de tels incidents ? Plongeons ensemble dans cet univers à la fois fascinant et préoccupant pour mieux comprendre et prévenir les risques associés.

Qu’est-ce que ?

Définition

La vessie, cet organe souple et extensible, se trouve dans la partie inférieure de l’abdomen et a pour rôle principal de stocker et d’évacuer l’urine produite par les reins. Bien qu’elle soit protégée par d’autres organes et par la paroi abdominale, elle n’est pas à l’abri des traumatismes. Comprendre les mécanismes à l’origine des blessures de la vessie est essentiel pour la prévention et le traitement approprié.

Explications

La vessie est essentiellement une poche musculaire dotée de parois fines et flexibles. Elle peut s’étirer lorsqu’elle se remplit d’urine et se contracter pour la vider. Lorsqu’elle subit un traumatisme, la nature de la blessure dépendra principalement de son état de remplissage et de la force de l’impact ou de la pression exercée sur elle.

Deux principaux mécanismes de blessure sont identifiés :

  • Embrochage (Rupture sous-péritonéale) : ce mécanisme intervient le plus souvent lorsque la vessie est relativement vide ou modérément remplie. L’impact direct, comme un coup de poing ou une compression sévère, peut causer une rupture localisée de la paroi de la vessie. Cette rupture est généralement sous-péritonéale, c’est-à-dire qu’elle se produit en dessous de la membrane péritonéale qui tapisse la cavité abdominale. Par conséquent, l’urine fuit dans l’espace autour de la vessie mais reste confinée dans la cavité pelvienne, n’atteignant pas la cavité péritonéale générale.
  • Éclatement de la vessie pleine (Rupture intra-péritonéale) : si un impact ou une pression est appliqué à une vessie très remplie, elle peut éclater, un peu comme un ballon trop gonflé. Dans ce cas, la rupture est souvent intra-péritonéale, c’est-à-dire que l’urine peut se répandre librement dans la cavité abdominale. Cela peut entraîner une irritation péritonéale et des complications potentiellement plus graves, car l’urine contient des déchets que l’organisme cherche à éliminer.

Dans les deux scénarios, une intervention médicale rapide est cruciale pour prévenir les complications, diagnostiquer la nature exacte de la blessure et fournir le traitement nécessaire.

Il est important de noter que les traumatismes de la vessie sont plus courants lors d’accidents de la route, de chutes de grande hauteur ou de blessures par écrasement.

Diagnostic

Les personnes concernées

Les traumatismes de la vessie ne sont pas aussi courants que d’autres types de blessures, mais ils sont d’une importance clinique significative en raison des complications potentielles qu’ils peuvent engendrer.

L’incidence des traumatismes de la vessie varie selon les populations et les régions, mais ils représentent généralement une faible proportion des traumatismes abdominaux. Cependant, chez les patients ayant subi un traumatisme pelvien, la fréquence des lésions vésicales peut être plus élevée, souvent en raison d’une fracture du bassin.

Plusieurs facteurs peuvent augmenter le risque de traumatisme de la vessie:

  • Fractures du bassin: la proximité de la vessie aux os du bassin signifie que toute fracture pelvienne peut potentiellement entraîner une lésion vésicale.
  • Interventions chirurgicales pelviennes: les procédures médicales ou chirurgicales dans la région pelvienne, comme la chirurgie prostatique, peuvent parfois endommager la vessie.
  • Cathétérisme: l’insertion incorrecte d’un cathéter urinaire ou d’autres procédures médicales associées à la vessie peuvent provoquer des traumatismes.
  • Traumatismes directs: cela peut inclure des blessures sportives, des accidents de la route ou des chutes.
  • Vessie distendue: une vessie pleine est plus susceptible d’éclater lorsqu’elle est soumise à un traumatisme.

Lors de l’évaluation d’un patient présentant des symptômes évocateurs d’un traumatisme de la vessie, il est crucial de recueillir une histoire détaillée du traumatisme. Cela comprend la nature de l’incident (par exemple, un accident de voiture, une chute, un coup direct), la force de l’impact, et si le patient avait une vessie pleine ou vide au moment de l’incident.

Les symptômes

Les traumatismes de la vessie peuvent se manifester par une variété de symptômes, en fonction de la gravité de la lésion, de sa localisation et de sa nature. Les signes et symptômes suivants sont fréquemment observés après un traumatisme vésical:

1. Urologie :

  • Sang dans les urines: c’est l’un des signes les plus courants et se réfère à la présence visible de sang dans l’urine. L’urine peut apparaître rose, rouge ou brune, indiquant la présence de sang. L’hématurie macroscopique est un signe inquiétant et doit être évaluée immédiatement, car elle peut indiquer une lésion importante.
  • Anurie: l’anurie désigne l’absence totale de production d’urine. Elle peut résulter d’une obstruction ou d’une rupture de la vessie, empêchant l’urine de s’écouler normalement.
  • Sensation de plénitude ou de pression dans le bassin.
  • Difficulté ou douleur lors de la miction.
  • Gonflement ou ecchymose de la région pelvienne.

2. Douleurs de ventre: les douleurs dans la zone juste en dessous du nombril sont fréquentes après un traumatisme de la vessie. Ces douleurs peuvent être aiguës, sourdes ou crampes, et peuvent s’aggraver lors de la miction.

Toute personne présentant des symptômes suggérant un traumatisme de la vessie doit consulter un professionnel de santé pour une évaluation et un traitement appropriés. Les blessures de la vessie, si elles ne sont pas traitées, peuvent entraîner des complications graves, telles que des infections, une insuffisance rénale ou d’autres lésions des organes internes.

Les complications

Voici quelques-unes des principales complications associées à ces traumatismes :

1. Ventre très douloureux et urines dans le ventre : lorsqu’il y a une accumulation d’urine dans la cavité péritonéale suite à une rupture intra-péritonéale de la vessie, cela peut provoquer une irritation de la membrane appelé péritoine. Les symptômes incluent une rigidité douloureuse du ventre et une matité à la percussion des flancs, suggérant une ascite « urineuse » (accumulation d’urine dans la cavité abdominale). Il s’agit d’une déchirure de la vessie qui permet à l’urine de se déverser dans la cavité péritonéale. Elle peut être causée par un traumatisme direct, surtout si la vessie est pleine au moment de l’impact. Cette complication nécessite généralement une intervention chirurgicale pour réparer la déchirure et drainer l’urine accumulée.

3. Coma : un traumatisme vésical peut endommager les vaisseaux sanguins avoisinants, conduisant à une hémorragie interne. Si suffisamment de sang est perdu, cela peut entraîner un choc, une affectoion potentiellement mortelle où le cœur est incapable de pomper suffisamment de sang pour répondre aux besoins de l’organisme. Les signes comprennent une tachycardie (rythme cardiaque accéléré), une hypotension (basse pression sanguine), une pâleur, une sudation et une confusion.

4. Toucher rectal (TR) révélant du sang : si un toucher rectal révèle la présence de sang, cela peut suggérer des lésions associées aux structures digestives, telles que le rectum ou le côlon. En présence d’un traumatisme vésical, cela pourrait indiquer une blessure concomitante de ces organes ou la formation d’une fistule vésico-intestinale.

5. Gaz dans la sonde urinaire: après une intervention chirurgicale, il est possible de remarquer la présence de bulles ou de gaz dans la sonde urinaire ou dans le sac collecteur d’urine. Cela peut être le signe d’une fistule vésico-intestinale (une connexion anormale entre la vessie et une partie de l’intestin), permettant aux gaz intestinaux de pénétrer dans la vessie. Ce symptôme est particulièrement préoccupant et nécessite une attention médicale immédiate.

En conclusion, bien que les traumatismes de la vessie puissent sembler moins alarmants que d’autres types de blessures, ils peuvent entraîner des complications sévères. La prise en charge rapide et efficace est essentielle pour minimiser les risques et garantir une guérison optimale. Il est donc crucial de consulter un professionnel de santé dès que possible si l’on suspecte une telle blessure.

Ne pas confondre

Le diagnostic peut être compliqué à faire. Si c’était le cas, consultez Learnycare+.

Les examens utiles au diagnostic

Lorsqu’un traumatisme de la vessie est suspecté, diverses investigations et examens sont réalisés pour confirmer le diagnostic, évaluer l’étendue des lésions et planifier le traitement. Voici les étapes clés de l’évaluation :

1. Biologie :

  • ECBU (Examen Cyto-Bactériologique des Urines) : cet examen est réalisé pour vérifier la présence de sang, de bactéries ou d’autres anomalies dans l’urine. La présence de sang (hématurie) peut indiquer une lésion vésicale ou d’autres pathologies urologiques.

2. Imagerie :

  • Scanner thoraco-abdomino-pelvien : si le patient est stable, un scanner thoraco-abdomino-pelvien est souvent réalisé pour obtenir une image détaillée des organes internes et détecter toute lésion associée. Il permet d’identifier des ruptures vésicales, des hémorragies ou d’autres anomalies.
  • Échographie abdominale : si le patient n’est pas stable pour un scanner ou si un scanner n’est pas disponible, une échographie abdominale peut être effectuée pour évaluer rapidement la présence d’ascite « urineuse » ou d’autres anomalies.

3. Cystographie rétrograde :

  • Une cystographie rétrograde est une technique d’imagerie spécifiquement conçue pour évaluer la vessie. Elle implique l’injection d’un produit de contraste directement dans la vessie par un cathéter. Au moins 300 ml de produit de contraste sont généralement utilisés pour garantir une visualisation optimale.
  • Une extravasation latéro-vésicale du produit de contraste indique une rupture ou une lésion de la paroi latérale de la vessie.
  • Note sur l’urétrographie : si une rupture de l’urètre (le tube qui relie la vessie à l’extérieur du corps) est suspectée, en particulier chez un homme, une urétrographie doit être effectuée avant d’insérer un cathéter urétral. Cela permet d’éviter d’aggraver une éventuelle lésion urétrale lors de l’insertion du cathéter.

Chacune de ces investigations joue un rôle crucial dans la prise en charge des patients présentant un traumatisme vésical suspecté. Une identification rapide et précise des lésions permet de fournir un traitement approprié et d’éviter des complications ultérieures.

Autres bilans

Les traumatismes de la vessie peuvent entraîner une gamme de complications, certaines immédiates et d’autres qui se développent avec le temps. Voici quelques complications possibles et comment elles peuvent être détectées :

1. Surinfection :

  • Indicateur : CRP élevée. La protéine C-réactive (CRP) est un marqueur de l’inflammation dans le corps. Une élévation de la CRP peut indiquer une infection ou une autre source d’inflammation. Si la vessie ou les tissus environnants deviennent infectés à la suite d’un traumatisme, la CRP augmentera probablement.

2. Rupture intrapéritonéale de la vessie :

  • Indicateur : produit de contraste intra-abdominal lors de la cystographie. Si le produit de contraste injecté dans la vessie pendant la cystographie se retrouve à l’extérieur de la vessie et dans la cavité abdominale, cela indique une rupture intrapéritonéale. Cette situation nécessite souvent une intervention chirurgicale pour réparer la vessie et évacuer le produit de contraste et l’urine de la cavité péritonéale.

3. Blessure thoracique ou du bassin :

  • Indicateurs : radio pulmonaire et radiographie du bassin. Si un patient a subi un traumatisme important, il peut y avoir d’autres blessures associées. Une radiographie pulmonaire peut révéler des signes de lésions thoraciques, tandis qu’une radiographie du bassin peut montrer des fractures ou d’autres lésions associées au traumatisme.

4. Insuffisance rénale :

  • Indicateur : créatininémie élevée. La créatinine est un produit déchet filtré par les reins. Une élévation de la créatininémie (niveau de créatinine dans le sang) peut indiquer une insuffisance rénale ou un dysfonctionnement rénal. Une insuffisance rénale peut survenir à la suite d’un traumatisme vésical, en particulier si la miction est obstruée ou si des toxines ou des infections se propagent aux reins.

En conclusion, les traumatismes de la vessie, bien qu’ils puissent sembler isolés, peuvent avoir des implications systémiques. Une surveillance étroite, une évaluation complète et une prise en charge rapide des complications sont essentielles pour garantir la meilleure issue possible pour le patient.

Le traitement

Étape 1 : prendre en charge

Face à un traumatisme de la vessie, la prise en charge doit être rapide et méthodique afin d’assurer le bien-être du patient. Les étapes clés de cette prise en charge sont :

1. Urgences vitales :

  • Avis spécialisés : avant toute chose, il est impératif d’évaluer la gravité de la situation et de déterminer si d’autres urgences vitales sont présentes. Un traumatisme de la vessie peut souvent s’accompagner d’autres blessures graves. Des spécialistes tels que les urologues, les chirurgiens traumatologues et les anesthésistes-réanimateurs devraient être consultés dès que possible.

2. Stabilisation du patient :

  • Surveillance et stabilisation des fonctions vitales (fréquence cardiaque, pression artérielle, saturation en oxygène).
  • Administration de liquides et/ou de transfusions sanguines en cas de choc hypovolémique.

3. Diagnostic :

  • Réalisation des examens diagnostiques précédemment mentionnés (ECBU, scanner, cystographie, etc.) pour confirmer la nature et l’étendue de la lésion vésicale.

En résumé, la prise en charge des traumatismes de la vessie nécessite une approche multidisciplinaire. La collaboration entre divers spécialistes garantit que le patient reçoit les meilleurs soins possibles et augmente les chances d’une récupération complète.

Étape 2 : soigner

Les traumatismes vésicaux varient considérablement en termes de sévérité et de complexité. La prise en charge est adaptée en fonction de la nature et de l’étendue de la lésion. Un aperçu des principales lignes d’intervention est disponible dans Learnycare+.

La prise en charge des traumatismes de la vessie nécessite une évaluation minutieuse et une intervention adaptée. La détection précoce et le traitement approprié des lésions vésicales peuvent prévenir des complications graves et assurer une récupération complète pour le patient.

Surveillance

Lorsqu’un individu subit un traumatisme de la vessie, il est crucial d’avoir une compréhension claire et précise de l’étendue de la blessure pour déterminer la meilleure approche thérapeutique. Après un traitement initial, le suivi est tout aussi crucial pour s’assurer que la vessie guérit correctement.

La cystographie mictionnelle est une procédure d’imagerie radiologique dans laquelle un produit de contraste est introduit dans la vessie via un cathéter. L’objectif est d’évaluer la forme, la taille, la position et l’intégrité de la vessie. Pendant la miction, des images radiographiques sont prises pour évaluer le flux d’urine et vérifier s’il y a des fuites ou des obstructions.

Après un traumatisme de la vessie, si un cathéter a été placé, une cystographie mictionnelle est souvent réalisée lors de l’ablation de la sonde. Ceci est essentiel pour s’assurer que la vessie s’est bien cicatrisée et qu’il n’y a pas de fuites.

Mortalité liée aux ruptures de vessie : bien que la vessie soit un organe robuste, elle peut être gravement endommagée lors de traumatismes. La mortalité associée aux ruptures de vessie lors d’un traumatisme externe est d’environ 20%. Cependant, il est crucial de noter que cette mortalité n’est pas nécessairement due à la plaie vésicale elle-même.

Souvent, les traumatismes qui causent des ruptures de la vessie peuvent également causer des dommages à d’autres organes. La mortalité est donc plus souvent liée à des lésions concomitantes d’autres organes vitaux ou à des complications qui découlent de ces lésions.

Après toute intervention chirurgicale, le patient doit être surveillé pour s’assurer qu’il n’y a pas de complications post-opératoires telles que des infections, des hémorragies ou des problèmes liés à la cicatrisation.

Une fois que le patient est stable et commence à guérir, une rééducation peut être nécessaire, notamment si la lésion a eu un impact sur la fonction vésicale.

Des consultations de suivi avec l’urologue sont essentielles pour s’assurer que la vessie guérit correctement et que le patient récupère sa fonction urinaire normale.

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