Les produits chimiques sont susceptibles d’être à l’origine de brûlure oculaire, ce sont de loin les plus fréquentes (85 %) et les plus préoccupantes. Leur gravité dépend de l’agent causal, le plus souvent de nature oxydante, réductrice ou corrosive. Elles sont parfois redoutables, car malgré un traitement bien conduit, elles peuvent aboutir à la perte fonctionnelle ou anatomique du globe oculaire. On fait le point sur le sujet.

Qu’est-ce que la brûlure oculaire ?

Définition

Les brûlures oculaires sont de véritables urgences absolues en ophtalmologie. Elles se définissent comme des lésions oculaires survenant après contact avec des substances chimiques, thermiques ou des radiations. Elle peut être grave, à l’origine de lourdes séquelles, notamment une cécité permanente.

Elle atteint principalement la cornée, la conjonctive, les cellules souches cornéennes, les paupières.

Explications

L’origine de la brûlure oculaire est variable en fonction du mécanisme de la brûlure et du produit incriminé.

Brûlures thermiques

Provoquées par la chaleur dégagée par une combustion ou par la projection d’un liquide ou de métal en fusion, les brûlures thermiques sont souvent peu graves. Le film de larmes constitue une protection efficace contre la chaleur. La cicatrisation est rapide et le plus souvent sans séquelles visuelles.

Brûlure par rayonnement ultra-violet (UV) ou coup d’arc et ophtalmie des neiges

Le coup d’arc survient notamment lors de la pratique d’une soudure.

L’ophtalmie des neiges quant à elle indique une brûlure de la surface oculaire à la suite d’une surexposition au soleil et aux UV. Elle est très fréquente en hiver lorsqu’il neige. La lumière solaire se réfléchit sur la neige qui renvoie directement les rayonnements UV dans les yeux.

Normalement, le coup d’arc et l’ophtalmie des neiges guérissent sans séquelle en 48 h.

Brûlures acides

Les couches de l’œil permettent une protection modérée contre la pénétration d’acides faibles ou dilués avec peu de dommages si le pH est supérieur à 2,5. Ce n’est qu’en dessous d’un pH de 2,5 que des dommages sévères peuvent survenir.

Brûlures basiques

Les alcalins sont les produits les plus graves car réagissent avec les acides gras (réaction de saponification); détruisant les membranes cellulaires, ce qui leur permet de pénétrer très rapidement dans les tissus sous-jacents. Après contact, ils pénètrent rapidement dans l’œil et cette progression se poursuit pendant 48h.

Circonstances de survenue

Il existe 3 principales circonstances de survenue :

• les accidents industriels ;
• les accidents domestiques ;
• les agressions.

Diagnostic de brûlure oculaire

Les personnes concernées

Les brûlures chimiques ou thermiques représentent 7 à 18 % des traumatismes oculaires.

La plupart des victimes sont jeunes et de sexe masculin.

Les symptômes

En dehors de la douleur, la symptomatologie fonctionnelle peut être aussi très expressive dans le cas d’une brûlure oculaire. Cela peut se manifester par :

• une diminution de l’acuité visuelle ;
• une photophobie : hypersensibilité des yeux à la lumière ;
• un larmoiement ;
• un blépharospasme : fermetures involontaires et répétitives des paupières.

L’œil est le plus souvent rouge en rapport avec une hyperhémie (augmentation du flux sanguin) diffuse de la conjonctive. Ainsi des hémorragies punctiformes situées autour du limbe et des hémorragies sous conjonctivales peuvent se produire.

Signes

L’examen clinique initial est essentiel, car il permet d’établir le pronostic et la sévérité de la lésion. Il doit être fait par un médecin spécialiste (ophtalmologue de préférence).

Les examens comportent :

• l’examen par l’autoréfractomètre qui mesurera le tonus oculaire;
• la mesure de l’acuité visuelle ;
• la recherche de plaie de paupière, étendue de la zone brûlée ;
• la mesure de la sensibilité de la cornée ;
• la mesure du pH oculaire par bandelette LABTIX ;
• le test fluorescéine : c’est un produit fluo qui permet de voir l’étendue de l’atteinte cornéenne telle que l’ulcération et les atteintes de cornée (kératite ponctuée superficielle) ;
• l’examen de la première partie de l’œil. Elle peut montrer des dépôts inflammatoire
• l’inspection de l’iris, du cristallin et du fond d’œil.

Les complications possibles

En fonction de la gravité de la brûlure et de l’étendue des dommages dans l’œil, la brûlure oculaire peut engendrer diverses complications graves :

• baisse du tonus oculaire ;
• glaucome : c’est l’altération du nerf optique ;
• dégradation de l’acuité visuelle ;
• affections des paupières
• affections de la conjonctive
• affections de la cornée
• affections de la chambre intérieure
• affections du cristallin

Traitements de la brûlure oculaire

Étape 1 : gérer l’urgence

En guise de traitement d’urgence de la brûlure oculaire, réalisez un lavage prolongé et abondant de la surface oculaire et des voies lacrymales. Il faudra le commencer sur le lieu de l’accident et le poursuivre en milieu médical pendant une durée de 15 à 30 minutes. Pour ce faire, vous pouvez utiliser de l’eau claire ou un soluté isotonique tel le sérum physiologique.

En cas de présence de corps étranger dans le cul-de-sac conjonctival, il faut l’extraire.

Étape 2 : contacter un médecin

Une fois les premières mesures d’urgence prises, contacter en priorité les urgences ophtalmologiques. Si la brûlure semble superficielle, contacter un médecin généraliste. Le pharmacien pourra orienter et conseiller.

Étape 3 : soulager les symptômes ?

Pour commencer il faudra soulager les douleurs par des médicaments par voie orale et locale.

Étape 4 : traitement de la plaie

Pour le traitement étiologique de la brûlure oculaire, il existe différentes indications à suivre.

• Faire un lavage de la surface oculaire avec du sérum physiologique en poche de 500 ml à 1 L. Laver jusqu’au pH neutre. La normalisation du pH des larmes (7,4) confirme l’efficacité du lavage.
• Enlever le corps étranger à la lampe à fentes, si besoin éverser les paupières.
• Nettoyer la zone inflammatoire avec un gant de toilette propre et de l’eau chaude.
• Appliquer un antibiotique local.
• Appliquer un corticostéroïde local : ceci se fait après un avis ophtalmologique.

Prévention d’une brûlure de l’œil

Pour prévenir la brûlure oculaire, il faut étudier et supprimer les risques ayant conduits à la brûlure..

Surveillance

Un suivi de l’évolution de la maladie pourrait être indispensable, selon l’avis de l’ophtalmologue.

Questions fréquentes

1. Quels sont les types de brûlures oculaires les plus fréquents ?

Les brûlures chimiques représentent 85 % des cas, souvent causées par des substances corrosives ou oxydantes. Les brûlures thermiques, causées par des liquides chauds ou du métal en fusion, sont généralement moins graves. Les brûlures par rayonnement UV, comme le coup d’arc ou l’ophtalmie des neiges, se manifestent après une surexposition au soleil ou à des sources artificielles de lumière.

2. Pourquoi les brûlures chimiques sont-elles particulièrement graves ?

Les produits chimiques, notamment les alcalins, pénètrent rapidement dans les tissus oculaires en détruisant les membranes cellulaires. Leur progression peut continuer jusqu’à 48 heures après le contact. Les brûlures acides, bien que moins pénétrantes, peuvent également causer des dommages importants si le pH est inférieur à 2,5.

3. Quels sont les premiers gestes à adopter en cas de brûlure oculaire ?

Le lavage immédiat et abondant de l’œil est essentiel. Utilisez de l’eau claire ou du sérum physiologique pendant au moins 15 à 30 minutes. Ce lavage doit commencer sur le lieu de l’accident et être poursuivi en milieu médical. En cas de présence de corps étranger, il faudra le retirer avec précaution.

4. Quels sont les symptômes caractéristiques d’une brûlure oculaire ?

Les symptômes incluent une douleur intense, une diminution de l’acuité visuelle, une photophobie (hypersensibilité à la lumière), un larmoiement et un blépharospasme (fermetures involontaires des paupières). Visuellement, l’œil peut être rouge, présenter des hémorragies sous-conjonctivales ou des ulcérations cornéennes.

5. Comment prévenir les brûlures oculaires dans un cadre domestique ou professionnel ?

La prévention passe par le port de protections adaptées comme des lunettes de sécurité lors de manipulations de produits chimiques ou d’activités à risque (soudure, bricolage). Évitez de manipuler des substances corrosives sans précautions et veillez à bien identifier et sécuriser les produits dangereux à la maison ou sur le lieu de travail.

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